Critique : Alors que la situation politique renforce constamment les divisions, il est bon de rappeler que la fiction aime à représenter les tiraillements émotionnels et développer des résonnances diverses avec notre actualité. En adaptant le roman de Shannon Pufahl « On swift horses », Daniel Minahan a dû y voir une confrontation historique face à l’impossibilité de pouvoir s’aimer dans une période où être avec une personne du même genre était vu comme un acte criminel. C’est là la grande force thématique de son film, « Les indomptés », et peut-être la grande frustration d’un long-métrage qui aurait pu évoquer et invoquer plus à ce sujet.
La narration se fait en effet très classique alors même que le potentiel était présent, notamment par les échanges épistolaires entre Muriel et Julius. La réponse qui se crée entre ces deux personnages parvient à lier la dissimulation de ses sentiments dans deux contextes différents : la vie de famille proprette américaine et la solitude masculine en quête d’argent. Malheureusement, la mise en scène ne parvient pas à totalement lier ses récits émotivement, laissant un creux sentimental par le côté appliqué du récit. Il est dommageable que la réalisation semble se restreindre pour aller vers quelque chose de très classique… jusqu’à une certaine envolée finale.

En effet, sans vouloir dévoiler la façon dont le récit se conclut, les dernières minutes charrient un cœur fort dans la façon de faire exploser le lien qui unit Muriel et Julius dans leur quête de place. Cela peut paraître également attendu dans son approche mais il s’y trouve un certain lyrisme qui émeut et fait prendre une nouvelle dimension à un film par moments trop appliqué pour son propre bien. Ainsi, c’est par le traitement de cette fin que l’on se retrouve plus convaincu que par le reste d’une intrigue qui touche à ses doutes sans les faire totalement battre sentimentalement parlant.
« Les indomptés » nous donne envie de pencher vers le positif par sa façon de renouer les personnes effacées dans une société hétéronormative si propre sur elle mais ne parvient à exploser émotionnellement que dans sa conclusion après un récit trop attendu. C’est dommage pour le sujet et le casting de ne pas savoir se montrer plus personnel dans son approche mais on aurait quand même envie de lui donner une chance, ne serait-ce que par ses résonnances thématiques et cette envolée finale.
Résumé : Muriel et son mari Lee démarrent une nouvelle vie en Californie lorsque qu’il revient de la guerre de Corée. Rapidement, l’équilibre de leur couple va être bouleversé par l’arrivée du charismatique Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret. Un triangle amoureux se forme. Mais Julius décide de suivre Henry, un jeune joueur de cartes dont il est tombé amoureux. Ébranlée par ce départ et plus éprise d’indépendance que jamais, Muriel trouve un exutoire dans les courses de chevaux et l’exploration d’un amour qu’elle n’aurait jamais osé imaginer…
