Suite à quelques accusations d’aigreur cinématographique, il m’a semblé important de faire un point d’étape après une bonne trentaine de films vus au cinéma depuis le début 2017. Certes, il y a eu quelques belles déceptions mais il y a eu également des émerveillements. Le cinéma est divers et varié et si les intentions sont souvent là, les résultats peuvent ne pas être à la hauteur. C’est autant une question de perception que de complaisance (parfois).
Les gros Flops
Le premier flop qui me revient à l’esprit est A Cure for Life. Après 20 premières minutes hypnotiques sur fond de critique en règle du capitalisme, Gore Verbinski sort les grosses ficelles et le film perd totalement en originalité. Les followers de Culturaddict le savent bien, l’engouement généralisé et téléguidé autour de La La Land m’a quelque peu surpris. Non pas que le film soit mauvais, loin de là, la musique rentre irrémédiablement dans le crâne pour un tourbillon incessant (City of stars…) et la bluette est sympathique. Mais le film mérite-t-il autant d’éloges? L’effet The Artist guette et ma méfiance légendaire s’est immédiatement activée. Donc bon film oui, chef d’oeuvre non.
Pas encore sorti mais vu en projo presse, Trainspotting 2 m’a laissé pantois. Premiers frissons légers au bout d’1h10 de film et impression de résurrection complètement plantée. Là où l’original électrisait tout du long, cette suite se contente d’une nostalgie bouffie, sans rythme ni originalité, tout ça pour ça… Silence de Martin Scorsese promettait un voyage mystique dans le Japon du XVIe siècle. Le film est pesant, tourné en anglais et par trop décousu. Tout l’art du réalisateur n’y suffit pas, le film se traine et ennuie. Enfin, pour clôturer ce panégyrique, deux films qui laissaient craindre des planages carabinés. 50 nuances plus sombres et Rock’n’Roll ne déçoivent pas, c’est du marketing bien ficelé uniquement destiné à vous soutirer vos biffons. Dakota et Marion sont charmantes mais les films sont des chefs d’oeuvre de facilité et de complaisance.
Les gros Tops
Mais tout n’est pas perdu, l’année 2017 a eu ses rayons de soleil, à commencer par un Nocturnal Animals impressionnant de maitrise. Acteurs fascinants, intrigue à tiroirs, twist final, c’est un très grand moment de cinéma, retors et difficile à appréhender mais ô combien satisfaisant. Et pendant que tout le monde s’extasie devant Emma Stone (que j’adore pourtant depuis sa prestation dans Birdman), Amy Adams passe inaperçue, c’est bien dommage. Elle avait pourtant déjà tout donné dans Premier Contact sorti fin 2016 et revu une deuxième fois en 2017. L’actrice de l’année, c’est elle. Bref.
Autres films marquants du début d’année 2017, Born to be blue avec un Ethan Hawk de feu dans le rôle de Chet Baker, le troublant Tempête de sable qui rappelle qu’il n’y a pas que l’occident dans le monde, l’épatant documentaire Et les mistrals gagnants avec des enfants touchés par des pathologies graves mais aux sourires touchants qui émeuvent, le fascinant road trip à tiroirs American Honey qui offre une vision singulière de l’Amérique et un Noces qui va faire parler de lui. Voilà, que des petits films loin des standards hollywoodiens, tout comme j’aime.
Car c’est aussi ça le cinéma, des ouvertures sur un monde plus varié qu’on ne le croit, des points de vue divers, des respirations qui donnent de belles bouffées d’oxygène. Et de l’enthousiasme. Loin des stéréotypes et des cadres bien normés. Un bon moyen de sortir de son nid pour s’envoler un peu. Un film bien réalisé qui provoque des siestes, c’est pas vraiment mon truc…
Stanislas Claude