Critique : Aborder la saga des « Animaux Fantastiques » se révèle une tâche des plus fastidieuses, moins au final pour le volet artistique qu’à cause de mouvements de coulisses particulièrement mouvementés. C’est ainsi que la licence a souffert des propos polémiques de J.K. Rowling (finalement mise de côté de la promotion suite à ses tweets transphobes), du remplacement de Johnny Depp dans le rôle de Grindelwald suite à son procès contre Amber Heard, de la suppression dans certains pays des répliques sur l’orientation sexuelle de Dumbledore (c’est-à-dire… 6 secondes) et enfin des exactions d’Ezra Miller, impactant même la sortie future de « The Flash ». Avec tout cela, on en oublie presque le long-métrage même et son rôle incertain au sein de la narration de la licence. Au départ prévu comme l’opus de milieu d’un plan de 5 films, « Les secrets de Dumbledore » s’est vu réorienté comme possible conclusion en cas d’insuccès au box-office. Même là, ce troisième volet a subi les retours négatifs des « Crimes de Grindelwald », titre décevant notamment dans sa façon de multiplier son récit de manière décousue, l’illisibilité de certains plans par un David Yates sans grande ambition, le manque d’intérêt du décor parisien ou l’inutilité même des fameux Animaux Fantastiques du titre.
En ce sens, « Les secrets de Dumbledore » tient mieux la route. En se recentrant un peu plus sur ses personnages (tout en gardant une certaine globalité dans le traitement de son univers), ce troisième opus se révèle bien moins confus dans la forme. L’envie de dépeindre l’ascension politique d’une personnalité fasciste charismatique trouve également un intérêt certain, surtout dans le jeu d’un Mads Mikkelsen qui évite de copier son prédécesseur pour offrir une nouvelle approche de Grindelwald. Il se révèle alors symbolique d’un des points les mieux réussis de la licence spin off d’Harry Potter : la solidité du casting. Chacun de ses membres offre en effet assez de conviction pour s’investir, même une Katherine Waterston totalement reléguée à un caméo de fin.
En ce qui concerne le reste, on peut parler d’une certaine inégalité dans différents aspects. Sur le fond, certains points du récit restent frustrants dans le traitement, notamment l’insertion d’une créature dans le processus électoral (bien que cela en revienne à ramener une certaine importance des Animaux Fantastiques dans l’intrigue). Sur la forme, la mise en scène de David Yates embrase trop peu son propos malgré quelques visuels réussis. On sent un travail se voulant plus appliqué que dans son prédécesseur mais il semble que le réalisateur britannique mérite de laisser la place à quelqu’un de plus inventif sachant réellement donner vie à la magie dans cet univers.
Alors, par quel bout prendre ce troisième film? On aurait envie de marquer les points négatifs d’une suite qui ne trouve jamais l’émerveillement du premier opus, encore moins celui provoqué par la saga Harry Potter. Néanmoins, « Les Secrets de Dumbledore » dispose de quelques jolis restes, un potentiel qui s’avère intéressant quand il parvient à s’accomplir organiquement. Rien que pour la mélancolie de sa conclusion et de son joli dernier plan, reprenant une forme classique qui sied bien aux aventures de Norbert Dragonneau et ses amis, on en vient à espérer un sursaut plus vivace qui rendrait ses sursauts de magie plus réguliers.
Résumé : Le professeur Albus Dumbledore sait que le puissant mage noir Gellert Grindelwald cherche à prendre le contrôle du monde des sorciers. Incapable de l’empêcher d’agir seul, il sollicite le magizoologiste Norbert Dragonneau pour qu’il réunisse des sorciers, des sorcières et un boulanger moldu au sein d’une équipe intrépide. Leur mission des plus périlleuses les amènera à affronter des animaux, anciens et nouveaux, et les disciples de plus en plus nombreux de Grindelwald. Pourtant, dès lors que que les enjeux sont aussi élevés, Dumbledore pourra-t-il encore rester longtemps dans l’ombre ?