Critique : Quand on parle de films noirs aux parfums d’Italie, il est sans doute évident que le premier titre à venir en tête soit « Le Parrain » de Francis Ford Coppola. Pourtant, il existe d’autres noms méritant de sortir de l’ombre de ce classique, à l’instar de cet intriguant « Déporté ». La base du récit a quelque chose d’intéressant dans sa façon de reprendre le récit noir américain en le réorientant en Italie afin de permettre une certaine confrontation esthétique qui confère au long-métrage de Robert Siodmak un de ses principaux points d’intérêt.

Il est ainsi difficile de ne pas ressentir rapidement l’atmosphère néoréaliste qui se dégage, « Le Déporté » se tournant au moment où ce mouvement cinématographique italien explose brillamment. Esthétiquement, cela apporte une touche qui permet de réorienter une narration assez classique par des prises de vue dans la ville de Naples. C’est même dommageable que l’intrigue ne parvienne pas à mieux exploiter cette approche dans son déroulé narratif car la confrontation entre film noir américain et néoréalisme italien apporte une certaine touche au long-métrage où transpirent en arrière-plan les restes d’une Seconde Guerre Mondiale à la dévastation toujours forte.

Si la curiosité vous prend devant ce mélange d’esthétiques qui trouve clairement son intérêt, n’hésitez pas à jeter un œil sur la sortie en édition physique de ce titre chez Elephant Films. En effet, si « Le Déporté » aurait mérité une intrigue plus solide et vivante, sa mise en scène et surtout son atmosphère lui confèrent une attirance particulière. Il y a donc de quoi inscrire le film dans la catégorie des titres n’aboutissant pas tout à fait dans leurs ambitions mais dont les réussites donnent envie de s’y plonger avec une grande curiosité.

Résumé : Le célèbre parrain Lucky Luciano est renvoyé en Italie, son pays d’origine, par la justice américaine. En effet, en raison des services rendus par la mafia pendant la Seconde Guerre mondiale, il échappe à une condamnation mais doit quitter le pays. Aussitôt arrivé à Naples, il est contacté par le chef du marché noir local. Alors qu’il entame de nouvelles activités illégales, détournant l’aide destinée à la population, il fait la connaissance d’une belle comtesse italienne…