Critique : Il existe des rencontres qui constituent des évidences absolues tant les personnalités mises en commun partagent un même trait ou une énergie commune. On ne se demande pas alors s’ils vont pouvoir travailler un jour ensemble mais quand, tout en imaginant comment cette union artistique peut exploser. Il était donc attendu de voir Béatrice Dalle et Fabrice Du Welz collaborer au vu de l’intensité qu’ils partagent tout au long de leur carrière. Mais avant la sortie du dernier long-métrage du réalisateur belge, « Maldoror », le duo a sorti un titre passé plus inaperçu et disponible depuis peu en édition physique chez Carlotta : « La passion selon Béatrice ».
Le trajet qu’ils ont entrepris sur les traces de Pasolini dégage un intérêt certain par la richesse du réalisateur italien, sa personnalité unique qui irradie encore des années après son décès. Un triangle se développe alors entre artiste mort et personnalités vivantes qui cherchent à invoquer son fantôme. Cela fonctionne bien quand il s’agit de choix de mise en scène imposant un réel, une fragilité qui peut paraître « montée » mais cherchant à toucher une émotion dans ce qu’elle a de plus brut. La façon de ponctuer l’avancée par des interventions de personnes ayant connu Pasolini réimpose alors un autre rythme au vu de la confrontation évidente qui se dévoile durant l’avancée du film.

Au-delà de la quête Pasolinienne même, c’est la manière de capter Béatrice Dalle qui alimente bien évidemment cette Passion. Du Welz filme la véracité d’une personnalité aussi forte que l’actrice avec une photographie en noir et blanc renvoyant à une certaine pureté mais surtout une authenticité absolue. Le triangle artistique bout alors constamment tout au long d’un film qui happe par ses recherches multiples mues par une seule intention : l’honnêteté créative et le bouillonnement d’êtres dans ce qu’ils sont ou furent, quitte à cliver.
Loin du simple exercice de style, « La passion selon Béatrice » vaut la peine d’être rattrapé tant la manière dont se répondent Fabrice Du Welz, Pier Paolo Pasolini et Béatrice Dalle confère à l’unique. La sincérité qui se dégage esquive constamment le jeu de l’apparence pour s’orienter vers la sensation, dépassant alors la simple représentation créative, dans un titre hanté par ses intentions.
Résumé : Septembre 2022, Béatrice Dalle arrive en Italie. À l’origine de ce voyage, il y a le désir de marcher sur les traces de Pier Paolo Pasolini, l’homme de sa vie. D’Est en Ouest, du Nord au Sud, elle parcourt les décors de son rêve afin qu’advienne la rencontre. Ce film relate l’histoire de sa quête…
