Critique : Le cinéma d’Ang Lee s’est distingué par sa manière d’appréhender un certain mouvement, qu’il soit dans le bouleversement de l’instant (comme dans « Raison et sentiments ») ou dans l’action qui se voit captée différemment, quitte à cliver (cf. son « Hulk » ou encore « Gemini Man »). Revenir à ses prémisses permet alors de constater une certaine évolution qui conserve malgré tout une poésie de captation, les germes d’une esthétique qui a su se métamorphoser au gré des évolutions techniques tout en conservant un certain cœur commun. Voilà donc l’une des raisons de découvrir ce « Pushing Hands », disponible depuis peu chez Carlotta en blu-ray.

La façon dont le réalisateur filme l’éloignement émotionnel ressenti par Mr Chu (très beau Lung Sihung) fonctionne par l’authenticité de son approche, son cadre de perturbation par l’immigration et la volonté de trouver une connexion avec ses liens brisés. Il en ressort une émotivité assez douce, d’une modestie qui ramène bien l’état de l’expatriement et de l’envie de rester proche de nos sources, qu’elles soient matérielles ou non. Difficile alors de ne pas trouver une grâce de la quotidienneté dans la réalisation d’Ang Lee.

C’est en effet un premier long-métrage doux en apparence mais chargé, que ce soit par son rapport national ou ses difficultés sentimentales, animant ce « Pushing Hands » vers une beauté indéniable. Faussement simpliste, réellement beau, ce film marque la patte de son metteur en scène par le cœur qui anime chacun de ses cadres par un naturalisme tendre mais loin d’une naïveté béate.

Résumé : Voilà un mois que M. Chu a quitté la Chine pour les États-Unis, où il s’est installé auprès de son fils et de sa famille. Mais le vieil homme a du mal à s’adapter au style de vie américain et se heurte immédiatement à sa belle-fille, Martha. Ancien professeur de tai-chi à Pékin, M. Chu donne à présent des cours dans un centre culturel chinois, ce qui lui permet d’établir un lien avec son pays d’adoption et de rencontrer d’autres expatriés comme lui…