Critique : Le pouvoir d’attraction des bandes dessinées et autres romans graphiques ne diminue pas, encore plus quand la personnalité créatrice derrière l’œuvre dispose d’un style visuel qui frappe automatiquement. C’est le cas d’Erik Svetoft avec « Une Volvo blanche », typiquement le genre de titre qui aura besoin d’un peu de temps de réflexion pour mieux s’apprécier tout en appelant à une plongée cauchemardesque par ses dessins aussi soignés que marqués organiquement. Ainsi, il suffit de quelques pages à peine pour commencer à perdre pied, comme les personnages.

L’histoire se ressent plus qu’elle ne se raconte, se raccrochant à un ton particulièrement macabre qui n’hésite pas à proposer des visions à la limite du malaise. En liant à cela une approche critique du capitalisme, « Une Volvo blanche » se densifie narrativement mais sans jamais prendre son audience par la main. L’atmosphère suinte des cases, une violence irradie tout comme un burlesque du réel bien à propos thématiquement, se rapprochant d’un Dupieux lovecraftien où le cycle semble perpétuel. La plongée peut se faire difficile mais c’est une apnée artistique assez revigorante par la difficulté de totalement l’appréhender, avec une envie d’y revenir pour mieux se noyer dans son travail visuel.

Drôle de bizarrerie tout en tendant vers une horreur charnelle dérangeante, « Une Volvo blanche » touche à l’onirisme cauchemardesque du giallo dans sa manière de ne pas pouvoir totalement appréhender le récit au premier coup d’œil. Le côté très sensitif du travail d’Erik Svetoft frappe durablement et permet d’aborder la violence du capitalisme avec un absurde de malaise graphique absolument prenant. Si vous cherchez une œuvre singulière par ses visuels autres, alors foncez sur ce titre !

Résumé : Une terrible explosion survient dans une usine, les blessés sont évacués. Le pire est évité, mais cet accident industriel déclenche une série d’événements macabres. Les cadres dirigeants qui étaient présents ce jour-là sont maintenant victimes de multiples tentatives de meurtre. Le plus grand chef d’entreprise du pays échappe de peu à un attentat. On ne connait rien des motifs de son agresseur sans visage. Après chacune de ces attaques, une voiture blanche démarre en trombe. On perd sa trace à l’orée d’une forêt, d’une ruelle sombre ou d’un terrain vague. Le mystère reste complet. Tandis que l’on continue à signer des contrats dans les arcanes du pouvoir, une enquête est diligentée, des agents de sécurité privés sont embauchés et d’anciennes gloires du rock sont appelées à la rescousse. Tout n’est plus que secret et conspiration.