PTA est un réalisateur rare. Après 3 premiers opus qui ont marqué un début de carrière pétaradant (Boogie Nights, Magnolia, Punch-drunk love) et un vrai chef d’œuvre inconditionnel (There will be blood), sa production est devenue plus contrastée et sujette aux interprétations. The Master, Inherent Vice, Phantom Thread et Licorice Pizza n’ont pas rencontrés la même unanimité, allant même jusqu’à lasser certains fans de la première heure. Et ce n’est pas Une bataille après l’autre qui va les rabibocher. Le film est long et inégal (2h42, ça rappelle les mêmes excès qu’un Babylon au potentiel de fou), certes sympathique avec des acteurs qui continuent de convaincre film après film, les idées sont bonnes, la bande son concourt à une atmosphère sonore quasi parfaite mais… le film ne restera pas dans les annales.

Un sympathique film de pieds nickelés

Une bataille après l’autre met à l’honneur 2 antihéros qui s’affrontent sans jamais ou presque se rencontrer. Steven J. Lockjaw est le représentant de la loi, colonel de son état, interprété par un Sean Penn toujours aussi à l’aise dans les rôles de salopard. Bob Ferguson est l’artificier de la révolution, membre de la French 75, groupe alternatif aux actions violentes visant à secouer le cocotier, interprété par un Léonardo di Caprio de plus en plus rare sur la pellicule. Ce dernier est le pied nickelé par excellence, aussi à l’ouest et sympathique que The Big Lebowski avant lui, avec la même robe de chambre élimée et tête de branquignole avec chevelure en désordre et barbe mal taillée. Le film débute avec une action d’éclat du groupe révolutionnaire French 75 dont fait parti la nouvelle déclinaison du Dude. Le coup d’éclat finit en eau de boudin et le film reprend 16 ans après. Le dude s’occupe de la fille qu’il a eu avec une pseudo révolutionnaire disparue après avoir trahi la cause et livré ses congénères à la répression. Rien n’a changé, le colonel tente d’intégrer un groupuscule secret de dirigeants à tendance nazie (cf la référence dénuée de finesse aux chambres à gaz), Léo fume et boit dans son appart miteux. Mais quand la répression se remet en marche, il doit fuir, et débute alors une course poursuite à rebondissements qui va durer près de 2 heures. Péripéties, coups tordus, il faut une vraie patience pour ne pas avoir envie de zapper. Heureusement, un arrière plan sonore dédié accompagne presque toutes les scènes pour une immersion augmentée du plus bel effet. Mais même de ce point de vue, beaucoup pourront être fatigués par ce procédé omniprésent et intrusif, l’immersion est à ce prix. Les plus attentifs ont remarqué la référence à la chanson de Gil Scott Heron, The revolution will not be televised, avec cette phrase clé tiré de ce morceau culte: Green Acres, Beverly Hillbillies, and Hooterville Junction. Le titre de GSH parle de révolution, c’est à peu près ce qu’évoque le film avec toutes les limites qu’il faut apporter à cette notion. Car comment faire la révolution en restant assis devant sa télé? Ou son ordinateur? Ou son téléphone? La révolution se fait dans la rue, ce qu’a tenté le personnage de Bob, sans réussite faute d’adhésion populaire. Dans un monde où les médias sont tenus par les ultra riches, les tentatives de secouer le cocotier sont vouées à l’échec…

Une bataille après l’autre enchaine les séquences de coure poursuite sans jamais convaincre complètement, il déçoit même par son côté inutile, voire vain. Il se résume finalement à un exercice de style, avec des clins d’œil comiques qui font certes mouches mais qui ne font pas un grand film.

Synopsis: Ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, Bob vit en marge de la société, avec sa fille Willa, indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…