Critique : Il y a des drames que l’on subit sans jamais savoir comment s’en sortir. Cela peut arriver pour de multiples raisons mais cette gestion de l’après mérite qu’on s’y attarde tant il semble être trop souvent mis de côté. Que faire après la disparition ? Comment se reconstruire ? Est-ce possible de rester la même personne alors que l’on est hanté par l’absence ? Ces questions sont des interrogations touchantes et palpables, à l’instar de la bande dessinée de Joanna Lorho, « À travers la nuit ».
Très vite, l’autrice nous installe cette mélancolie lancinante, toujours avec ce sentiment d’un passé accompagnant nos personnages avec beaucoup de sensibilité. Le travail sur la nature assied ce rapport de proximité avec le vide, le manque étant justement tangible par son absence. La gestion des souvenirs permet alors de réinvoquer le détour vers le vivant, rappeler à l’existence. La mise en tension qui se crée dans ce décorum bucolique accentue les doutes et interrogations avec des sentiments prenants par la tangibilité du manque. Il y a une forme de quête pour retrouver la vie et aller vers l’ailleurs, tout en sentant constamment cette présence d’un vide qui ne peut sans doute pas se combler réellement.
Avec ses traits soignés donnant une vie à la nature et à ses interrogations, « À travers la nuit » cherche une lumière avec beaucoup de douceur et d’empathie. Parler de sensation s’avère pertinent car, par son traitement visuel, la bande dessinée de Joanna Lorho arrive à faire ressentir le vide avec beaucoup d’affect. Il est dur de ne pas en ressortir ému tant son approche parvient à faire exister l’absence avec une émotivité subtile mais néanmoins vivante.
Résumé : Ahnah a disparu. Un été, elle a pris la voiture, elle a quitté la ferme familiale sans prévenir, et n’est jamais revenue. Personne ne sait ce qu’elle est devenue, si elle est même vivante ou décédée. Elle s’est évanouie dans la nature comme ça, du jour au lendemain.
Un an après, Paulie, Sam, Charli et Angel décident de se confronter à cet évènement. Les quatre ami·e·s partent à la campagne, revoir les parents d’Ahnah randonner et dormir à la belle étoile dans la clairière où elle affectionnait passer la plus grande partie de son temps. Ce road trip prend bientôt la tournure d’une célébration improvisée qui va les aider à traverser la douleur et la frustration d’une absence qui reste inexpliquée, particulièrement pour Charli qui était son amoureux·se. Les présences invisibles qui habitent les alentours se font sentir et, ensemble, iels vont pouvoir renouer avec une certaine légèreté et la possibilité, enjouée, d’avancer.