Critique : Récompensé par la Palme d’Or en 1993, « La leçon de piano » a su s’affirmer comme un classique à travers les années, appuyé par sa réputation et la mise en scène de Jane Campion. Sa sortie chez Carlotta (aussi bien en édition simple qu’en Blu-Ray 4K et en Coffret Ultra Collector) méritait qu’on y rejette un petit coup d’œil, ne serait-ce que pour voir comment le film traverse le temps. Techniquement, il n’y a rien à redire : la nouvelle restauration 4K supervisée par la réalisatrice ainsi que par son directeur de la photographie Stuart Dryburgh s’avère impeccable, accentuant le travail visuel d’un long-métrage toujours aussi beau dans sa lumière.
Il fallait bien cela pour capter la nature néo-zélandaise et la beauté maritime, offrant quelques plans toujours à tomber par leur portée émotionnelle. Ce décor contribue à l’isolement d’Ada, à l’instar d’une voix off qui perpétue cette solitude d’une femme forcée à se marier et à être isolée de son bien le plus précieux. Le marchandage qui va se faire entre elle et Baines pourra paraître daté par son approche émotionnelle mais renforce un rapport de force constant auquel doit se confronter l’héroïne, cherchant l’émancipation à tout prix et à esquiver une nature d’objet auquel le patriarcat la conditionne.

Ainsi, la façon même dont le long-métrage parle constamment d’accords financiers, d’échanges et de contreparties souligne la question de la possession émotionnelle et apporte un œil intéressant sur la condition féminine. Il faut dès lors célébrer encore et encore la prestation subtile d’Holly Hunter, toute en colère intériorisée et dont le regard parvient à véhiculer la colère comme personne. Elle personnifie d’une certaine manière une énergie insaisissable, et ce dans un monde où l’homme cherche à posséder toute terre et toute personne comme s’il en était le maître absolu.
Tout a déjà été dit au sujet de ce film alors clôturons cette petite chronique par l’essentiel : « La leçon de piano » s’avère toujours aussi beau dans sa mise en scène et sa photographie, capturant son décor avec une poésie prenante où le surgissement de violence n’en est que plus fort. L’édition fournie par Carlotta s’avère dès lors plus que recommandable, profitant d’un travail technique toujours aussi admirable de la part de l’éditeur et d’une gestion de l’image et du son qui savent mettre en valeur pareil long-métrage.
Résumé : La Nouvelle-Zélande, au XIXe siècle. Ada, mère d’une fillette de neuf ans, s’apprête à partager la vie d’un inconnu, au fin fond du bush. Son nouveau mari accepte de transporter toutes ses possessions, à l’exception de la plus précieuse : un piano, qui échoue chez un voisin illettré. Ne pouvant se résigner à cette perte, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier : regagner le piano, touche par touche, en se soumettant à ses fantaisies…
