Pour tout dire, je me suis un peu forcé à voir ce film pour rattraper mon retard cinématographique depuis 1 mois, à cause, de la vie, du peu de temps disponible, des contingences familiales. Finalement, je suis assez content d’avoir rattrapé ce magnifique film du grand réalisateur brésilien Walter Salles, grand succès public auprès du public brésilien avec 3 millions d’entrées. Et il est facile de comprendre pourquoi tant le film parvient à revenir sur une période récente difficile de l’histoire brésilienne, celle de la dictature militaire des années 70, avec l’exact recul nécessaire pour faire passer de l’émotion avec une histoire véridique adaptée en film. C’est l’histoire d’une disparition, sans preuves ni corps, un père de famille aimant mais dangereux pour le régime des généraux. Un soir, des individus débarquent dans la maison familiale et l’emmènent avec eux. Les filles, le fils et la femme ne le reverront jamais. Drame familial, drame d’une dictature déjà abordé dans tant de films, L’aveu pour l’Europe du bloc soviétique, La déchirure pour la dictature des khmer rouges au Cambodge, Soleil trompeur pour la dictature soviétique, tous les régimes autoritaires sont un terreau fertile pour les drames humains, Je suis toujours là est encore un bon exemple, rondement mené avec moult silences, regards dans le vague, moments cigarettes pour signifier la réflexion intérieure dans les volutes de fumée, le tout en plusieurs temps, avant, pendant, après et encore plus loin après. L’héroïne principale est la femme du disparue, qui fait front, garde son sang froid pour elle et ses enfants, et reprend ses études pour devenir avocate et mener un combat pour le devoir de mémoire. Le résultat est sublime, le film est à voir même s’il risque de disparaitre bientôt des salles de cinéma, hélas. Le film fait plonger dans les années 70 brésiliennes, avec ces camions militaires qui arpentent les rues, ces soldats qui arrêtent arbitrairement les voitures et embarquent au hasard. L’opposition est apeurée, donc muselée, la jeunesse essaye de crier saz soif de liberté mais les ainés les réfrènent pour éviter les arrestations. Le film devrait être montré à ceux qui pensent que la France est actuellement une dictature… le choc serait rude et même salutaire.

Synopsis: Rio, 1971, sous la dictature militaire. La grande maison des Paiva, près de la plage, est un havre de vie, de paroles partagées, de jeux, de rencontres. Jusqu’au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens, le père de famille, qui disparait sans laisser de traces. Sa femme Eunice et ses cinq enfants mèneront alors un combat acharné pour la recherche de la vérité…