Après Salvo et Sicilian Ghost Story, les deux réalisateurs Fabio Grassadonia et Antonio Piazza continuent de creuser le sillon de la mafia sicilienne avec Lettres siciliennes, chacun sous un angle différent, ici sous l’angle d’une relation épistolaire entre un parrain mafieux acculé dans son appartement secret et un proviseur aux accointances troubles un peu trop nombreuses.

Un film noir mafieux

Ce thriller traite de sujets comme la corruption et les magouilles, sur la base d’une enquête policière assez classique en théorie mais rendue particulièrement retorse par la volonté des réalisateurs de se détacher d’une structure conventionnelle. 2 des plus grands acteurs italiens contemporains se côtoient dans un face à face mortel, Toni Servillo et Elio Germano, eux qui n’avaient bizarrement jamais été réunis dans un même film. Le ton du film colle à la comédie noire, 2 mafieux de générations différentes se font face, le premier collabore à son corps défendant avec la police, le deuxième se terre pour éviter une arrestation rocambolesque. Le film se veut constamment caustique et même souvent drôle pour montrer le petit monde de la mafia avec sa permanente méfiance envers tout et n’importe quoi, avec des femmes qui ne se privent jamais de commenter et de critiquer les faits et méfaits des hommes aux manettes de l’organisation de gangsters. Lettres siciliennes était rempli de belles promesses que le papier mais se révèle très long et par trop tortueux sur la pellicule, les péripéties sont même assez peu compréhensives et les longueurs se succèdent.

Le message selon lequel le visage de la mafia a changé est dilué et ne touche pas spécialement les spectateurs. Reste l’outrecuidance d’un milieu qui se croit tout permis et tire les ficelles d’une société figée dans un fonctionnement basé sur la violence.

Synopsis:

Sicile, au début des années 2000. Après plusieurs années de prison pour collusion avec la mafia, Catello, homme politique aguerri, a tout perdu. Lorsque les services secrets italiens sollicitent son aide pour capturer son filleul Matteo, le dernier chef mafieux en cavale, Catello saisit l’occasion pour se remettre en selle. Homme rusé aux cent masques, illusionniste infatigable qui transforme la vérité en mensonge et le mensonge en vérité, Catello entame une correspondance improbable et singulière avec le fugitif, cherchant à profiter de son vide affectif. Un pari qui, avec l’un des criminels les plus recherchés au monde, comporte un certain risque… 

Librement inspiré de faits réels. Les personnages du film sont cependant le fruit de l’imagination des auteurs.