Critique : Le cinéma documentaire ne pouvait pas passer à côté du conflit en Ukraine tant celui-ci est omniprésent médiatiquement. Les images que nous recevons des affrontements apportent leur lot de violence, de choc et de questionnements politiques qui mériteraient un réel débat (ce que nous n’allons pas faire ici pour éviter de trop polémiquer). L’approche du réalisateur Yegor Troyanovsky de suivre deux amies secouristes sur le terrain avait donc le potentiel d’apporter une humanité et un ancrage émotionnel renforçant la nature dramatique des événements.
Il faut dire que l’usage des caméras s’avère pertinent, renvoyant parfois à une urgence sur le terrain contrebalançant une envie d’un quotidien à développer au-delà des morts et des blessés. La réalisation n’évite pas le côté cru de ce qui se déroule (et en même temps, comment aurait-elle pu le faire ?). C’est par le relationnel que se développe le cœur du film, une lumière émergeant de l’horreur et accentuant l’importance même de l’amitié et des autres dans un contexte aussi brutal et meurtrier. La mise en scène trouve alors des idées pour combler la distance entre nos deux personnages titres tout en révélant des pans de normalité qui détonnent mais sont nécessaires, remparts à une guerre bien trop longue.

C’est donc un documentaire unique en son genre qu’est « Cuba et Alaska », récit d’amitié dans une Ukraine dévastée et dans un quotidien tentant de s’échapper d’une guerre inéluctable. Jamais la violence n’est éludée mais c’est justement par cette envie de la rééquilibrer par un réel « banal » que le film de Yegor Troyanovsky trouve sa force et son impact à l’optimisme essentiel dans les nuages gris du réel.
Résumé : Meilleures amies, « Cuba » et « Alaska », deux secouristes pleines d’humour sur la ligne de front en Ukraine, vivent la même réalité que tant d’autres soldats : à mesure qu’elles défendent leur pays, elles perdent peu à peu le lien avec leurs proches, leur passé, leur vie d’avant.
La guerre les habite si profondément… pourront-elles un jour retrouver la vie qu’elles ont laissée derrière elles ?
