Critique : Les œuvres cinématographiques nourries par les envies d’un artiste musical ne manquent pas et l’on ne perdra pas de temps à les énumérer ici. Ce qui faisait la curiosité de ce « Hurry Up Tomorrow » était le potentiel de rencontre entre The Weeknd, chanteur plus que renommé, et le réalisateur Trey Edwards Shults, au potentiel esthétique appuyé par ses précédents films. Malheureusement, le résultat est loin d’être à la hauteur, notamment par ses conflits d’intérêts bien trop nombreux pour réussir à maintenir un certain intérêt.

Nous ne voulons en effet pas être méchants avec ce film, surtout qu’Internet l’a déjà descendu en masse à sa sortie. Néanmoins, on peut comprendre le sentiment de colère à l’égard de ce titre au vu de sa façon de s’enliser dans un rapport d’ego qui manque de réflexion pour éviter l’exercice de complaisance. Sous les néons de Chayse Irvin (la lumière est intéressante à ce niveau), Abel Tesfaye s’autocaricature en ne sachant pas quel équilibre prendre par rapport à sa propre personnalité. Le fait de s’incarner dans une variation de lui-même floute la perception analytique du propos et tombe à côté de la plaque quand le chanteur trébuche dans des tics de jeu criards.

Hurry Up Tomorrow. Photo Credit: Andrew Cooper

Le contrepoint amené par Anima ne permet pas de diluer tout cela dans une vision à peu près cohérente et ne fait qu’enfoncer le clou, notamment dans une troisième partie bien trop grotesque et méta pour son propre bien. On sent l’envie d’allégorie dans les dénivelés de sa narration (le livret fourni par l’éditeur Métropolitan trouve en ce sens de l’intérêt par ses réflexions) mais cela tourne à vide dans un titre qui s’esthétise trop pour réellement souligner son propos. On en ressort avec un sentiment de titre boursouflé et finalement trop autocentré pour son propre bien.

C’est regrettable car les germes du film sont intéressants et on pourrait trouver un grand film dans les influences de The Weeknd et Trey Edwards Shults. Malheureusement, « Hurry Up Tomorrow » se dévore dans son regard peu assuré et son clinquant qui accentue d’autant plus une durée déjà trop flottante pour ses envies narratives. On replongera avec plus de plaisir dans les musiques de l’artiste ainsi que ses clips que dans ce film à la fois suffisant et fatigué.

Résumé : Abel est une star de la musique. En dépit de son succès, il est en proie au doute, jusqu’à sa rencontre avec Anima, une fan énigmatique. Ange ou démon, la jeune femme l’entraîne dans une odyssée à l’issue incertaine.