Critique : Si l’on est désormais habitué à se confronter au monde par les ressources visuelles, le rapport aux traces écrites reste encore prégnant pour mieux appréhender la vision du monde à une certaine époque. Il y aurait un débat à avoir sur ce qui est le plus efficace entre l’image et le texte pour une transmission optimale de message mais l’essentiel ici est de rappeler la confrontation intérieure que peut adresser le texte face à l’extériorité picturale, d’autant plus dans une période où l’image se voit modifiée et faussée par les outils digitaux récents. L’importance de la littérature en outil de prise de conscience du monde reste primordiale, comme le rappelle Myriam Watthee-Delmotte avec son essai « La littérature, une réponse au désastre ».
En 140 pages, la directrice de recherche du FNRS aborde les biais de regards littéraires sur les catastrophes et le monde, renvoyant à une vision sociale accrue par le biais de divers ouvrages avec une richesse qui mérite d’être soulignée. La fluidité de l’écriture ne diminue pas la maîtrise du propos et permet de s’interroger actuellement sur des prismes qui appréhendent au mieux des visions de société et de bascule, jusque dans une forme de passivité destructrice.
En rappelant le potentiel d’alerte et de témoignage de la littérature, Myriam Watthee-Delmotte nous propose un essai aussi brillant que riche. « La littérature, une réponse au désastre » enrichit le regard que l’on peut porter sur les capacités de l’écrit avec une plume qui passionne tout au long de sa lecture.
Résumé : La littérature est un champ de forces qui offre une réponse possible au désastre. Par l’adresse formulée à l’égard de lecteurs potentiels dans la confiance d’un libre partage, elle oppose en soi une résistance à la tentation du désespoir. Elle propose au lecteur des ouvertures sur des univers inconnus, mais aussi sur soi, sur les réalités informulées que les textes soudain éclairent. On observe ici le rôle essentiel de témoin qu’elle est amenée à tenir, et ses moyens d’action spécifiques.