Critique : Les personnes ayant déjà lu les écrits de James Morrow peuvent témoigner de sa plume, drôle et piquante. On repensera de notre côté à « Lazare attend », épopée difficilement descriptible irriguée par le style de l’auteur. Les promesses au cœur de ce « Monde et vice versa » avaient donc de quoi nous intriguer, surtout au vu de ses différents points d’accroche avec l’actualité. On peut donc remercier la maison d’édition Au Diable Vauvert de nous avoir envoyé un exemplaire afin de mieux partager la nature clairement singulière d’un récit qui tape et divertit comme une boule de flipper qui ne compte jamais s’arrêter.
Il faut dire que le pauvre Eamon Keen se voit baladé encore et encore avec une absurdité folle dans des situations incongrues qui ne semblent jamais faire véritablement sens. C’est là que ressort l’idée principale du roman : la difficulté de capter réellement la nature folle de notre propre monde, quand la fiction ne parvient même pas à imaginer les choses ubuesques qui explosent dans notre quotidien. Les réminiscences de figures médiatiques récentes permettent alors d’ausculter sous couvert de l’humour les désastres vers lesquels on se dirige passivement, reflets pertinents comme toute bonne science-fiction parvient à le faire par le biais d’une écriture intelligente, acérée mais surtout brillante.
Voilà donc des termes qui désignent bien James Morrow, surtout avec ce rocambolesquement riche « Le monde et vice versa ». Voguant entre satire, absurde, critique et doutes, le récit trouve son chemin avec un intérêt fortement divertissant mais surtout réfléchi. Et puis, au vu de certains détours imprévisibles pris par la narration, il est très compliqué de ne pas recommander ce drôle de roman difficilement descriptible mis à part en termes hautement positifs. Cela nous conforte dans notre curiosité pour les écrits de James Morrow, en espérant que ce nouvel ouvrage trouvera son public. On l’espère tant ce serait grandement mérité.
Résumé : Menacée par un refroidissement apocalyptique, Quondonia, une civilisation établie sous la croûte terrestre, entreprend de se rapprocher de Solaria, la société humaine vivant à la surface. Afin d’inverser les effets du réchauffement climatique et la glaciation de l’intérieur de la planète, ils proposent de procéder à un échange lunaire. Mais le projet se heurte à un savant fou et au capitalisme.