Critique : Il est dur d’imaginer quels rôles auront été les plus mémorables d’une année, notamment par la diversité de propositions et l’impasse même de pouvoir dire objectivement qu’une prestation dans un film est supérieure à une autre par diverses manières (la tonalité du titre, le besoin thématique, etc.). Néanmoins, s’il devait jouer à ce jeu, l’auteur de ces lignes placerait l’interprétation de Karim Leklou dans « Le roman de Jim » très haut dans la liste. Il faut dire que l’acteur est une des grandes réussites du long-métrage des frères Larrieu, parvenant à charrier une douceur qui sied à ce personnage de vrai-faux père au chemin de vie particulièrement âpre par une certaine cruauté humaine.

Ainsi, les réalisateurs captent une réalité sociale en s’éloignant le plus de tout jugement possible, bien que le regard soit essentiellement maintenu sur Aymeric. On sent la réalité dans les difficultés traversées par notre personnage, notamment dans un décor de gare l’écrasant en comparaison à un rapport naturel plus vivant. Pour appréhender sa longue durée d’existence, le film n’hésite pas à jouer d’ellipses tantôt douces, tantôt cruelles, et parvient à mettre en images des doutes intimes sur la paternité malgré l’absence de lien physique. Tout du long, le long-métrage capte ce besoin de connexion relationnelle avec beaucoup d’amour, se liant notamment dans le rapport à la photographie qui capture l’instant et l’autre, avec une touche particulièrement émotive.

C’est peut-être ce dernier mot qui résume le mieux « Le roman de Jim », très beau film au ton naturaliste se mettant au plus près d’un joli héros du quotidien pour en magnifier sa beauté paternelle. Karim Leklou y est tout simplement bouleversant de justesse, renforçant l’intérêt de suivre cet acteur de grand talent dans un long-métrage aussi réconfortant que dur, son cœur émotionnel battant constamment pour lui conférer une chaleur aussi agréable qu’inattendue.  

Résumé : Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu’au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque… Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.