Critique : Se peut-il que les critiques aient été trop dures avec « Les Guetteurs » ? Nous aurions envie de répondre par l’affirmative au vu des retours particulièrement froids de la presse avec le premier long-métrage d’Ishana Shyamalan, fille de M. Night Shyamalan. Pourtant, il y a quand même des choses bien intéressantes dans ce film, empruntant largement aux contes et aux multiples parallèles symboliques que n’aurait pas reniés Shyamalan père, comme le rapport au double rapidement induit. On se demande même si certains points thématiques n’ont pas été tout simplement ignorés par quelques spécialistes, à l’instar du traitement de l’image.

Les personnages sont ainsi enfermés chaque nuit dans un lieu avec une grande vitre sans teint, les empêchant de voir leurs fameux « spectateurs ». L’un des seuls liens qu’ils ont encore avec le monde se trouve aussi dans une télévision, avec comme rare cassette une compilation d’une émission de téléréalité dans la veine de « Loft Story ». L’obligation à la performance médiatique s’inscrit en ce sens dans le trouble des personnages, se devant de jouer leur rôle pour une audience qui cherche à mieux s’en rapprocher et les recopier. L’image donnée se voit alors comme une envie d’approcher la véracité, se répétant lors de révélations importantes passant par des images vidéo. L’obligation d’enregistrer ces informations peut paraître hors de propos pour certains mais il en va d’une interrogation d’image qui résonne fortement, d’autant plus dans une volonté de conte moderne aux symboles assumés (une nouvelle fois, le rapport à l’autre et au double va se révéler particulièrement compliqué).

On regrettera une dernière partie bien plus fragile selon ce qu’on accepte des intentions du long-métrage car « Les Guetteurs» est très loin de la catastrophe vide lue çà et là. Au contraire : si tant est qu’on accepte ses contours de conte sincère à la symbolique poétique, on apprécie d’autant plus la proposition d’Ishana Shyamalan. C’est donc un joli coup d’essai de sa part, certes perfectible, mais avec assez d’intérêt pour avoir envie de s’y replonger, avec l’espoir que son premier long-métrage trouvera une audience largement méritée.

Résumé : Perdue dans une forêt, Mina trouve refuge dans un abri déjà occupé par trois personnes. Elle va alors découvrir les règles de ce lieu très secret : chaque nuit, les habitants doivent se laisser observer par les mystérieux occupants de cette forêt. Ils ne peuvent pas les voir, mais eux regardent tout.