Critique : Le timing a un côté ironique, notamment au vu de la sortie de « The Apprentice » en édition physique chez Metropolitan alors que Donald Trump défraie constamment la chronique par ses diverses actions en tant que président des États-Unis. Nous ne commenterons pas la teneur de ses décisions pour éviter toute vulgarité mais nier la valeur politique du film d’Ali Abbasi serait lui retirer tout son intérêt (tout comme répéter l’erreur de croire qu’une œuvre artistique peut être apolitique). En effet, la façon dont le long-métrage amorce son regard sur une auto-déchéance capitaliste ne manque pas de mordant et rappelle les violences à venir dans une administration centrée sur le culte de l’individu même.

En ce sens, la recréation historique permet de mieux lier une fétichisation 80’s à la manière dont Trump développe sa propre imagerie, la perception qu’il impose sur lui-même en dépit des intérêts des autres, tout en nouant une relation destructrice avec Roy Cohn. Cela fonctionne également car Sebastian Stan et Jeremy Strong se révèlent admirables en créatures moins humaines que rapaces et dont l’ascension opposée accentue cette destruction de toute caractéristique humanisante, dans un faux clinquant qui se révèle in fine poisseux et monstrueux.

« The Apprentice » pourra paraître vain si on le limite à un rappel de la vanité de sa figure principale mais s’avère passionnant dans son portrait d’une Amérique qui se construit de faux héros réellement destructeurs par son envie d’une imagerie opulente. Au vu de la tournure prise par le pays ces dernières semaines, le film d’Ali Abbasi ne manque donc pas d’intérêt et rappelle clairement la crasse derrière la richesse, le vain derrière la prétention et surtout le manque d’empathie derrière la figure médiatique.

Résumé : Véritable plongée dans les arcanes de l’empire américain, The Apprentice retrace l’ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l’avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.