Stanley Kubrick est né le 26 juillet 1928 à New York. L’un des réalisateurs majeurs du XXe siècle a laissé une oeuvre multiple, culte et puissante. De celles qui font encore parler et se redécouvre générations après générations. Je pourrais évoquer mes films préférés mais je vais innover un peu en insistant sur 5 personnages inoubliables.
HAL
L’ordinateur de bord du vaisseau en route vers Jupiter doit répondre à tous les besoins de l’équipage. Représenté par cette petite lumière rouge et cette voix sirupeuse, il n’est pas humain et n’a pas de corps. C’est une entité virtuelle dénuée de sentiments uniquement programmée pour servir. Et pourtant il va se rebeller, trahissant les 3 lois de la robotique formulées par Isaac Asimov:
1) un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger
2) un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi
3) un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.
Comment expliquer cette réaction contraire à sa programmation sans penser à l’influence inopinée de créatures tapies à l’endroit de destination? Ces mêmes créatures à l’origine de l’intelligence humaine aux débuts de l’humanité et à l’origine de ce monolithe noir apparu sur terre? HAL n’est rien qu’une machine et pourtant, en devenant autonome et intelligent, il porte atteinte aux 3 lois de la robotique. Tant à dire… on n’a pas fini de gloser sur ce point 😀
Alex
Le héros anarchiste de Orange Mécanique est une source inépuisable de contradictions. Il me rappelle le Joker dans The Dark Knight. Son intérêt personnel semble être sa seule motivation, tuant, violant, volant et enfreignant toutes les règles contraignantes de cette société en pleine déliquescence. Film coup de poing révélateur d’un futur possible où la jeunesse ne respecte plus rien, le film a fait scandale et reste un exemple d’adaptation parfaite d’un ouvrage lui même perturbant. Si le film a remporté récemment le prix du film préféré des lecteurs de Culturaddict, ce n’est pas pour rien. Le film fascine en même temps qu’il bouscule, Stanley Kubrick multiplie les références symboliques pour un résultat toujours d’actualité…
Whale
Qui n’a pas compatit avec le destin cruel de celui que le sergent instructeur appelle Baleine? D’abord visiblement léger et inconséquent, il se transforme en être vide et vengeur à cause du traitement bien particulier organisé par l’escadron de marines. Vincent D’Onofrio a marqué l’histoire du cinéma avec sa prestation hautement convaincante et crédible. N’importe qui peut être pris en grippe par la mauvaise personne, l’esprit de troupeau fait le reste. Personne n’ose contredire le sergent et tout le monde se joint à lui pour humilier le pauvre Baleine. C’est une satyre incroyable de l’être humain, une métaphore de la cruauté humaine… Si le film est resté dans les annales, c’est d’abord grâce à lui.
Doctor Strangelove
Comment oublier les prestations extravagantes de Peter Sellers dans Docteur Folamour? Il interprète pas moins de 3 personnages différents dont surtout le sinistre scientifique allemand récupéré après la fin de la WWII par les vainqueurs américains. SI les personnages du capitaine Lionel Mandrake et du président Merkin Muffley sont truculents à souhait, rien n’égale l’accent allemand de l’ancien nazi. D’abord dans l’ombre, il prend la lumière pour un speech final à glacer d’effroi. Mein Führer, I can walk! Comment résister à cette surprenante performance de l’acteur comique anglais? Après son rôle dans Lolita, il prouve une fois de plus son génie burlesque.
Jack
Comment finir cet article sans évoquer Jack Torrance dans Shining? Père de famille d’abord placide et dévoué à sa petite famille, il change de comportement au fur et à mesure de son séjour dans un hôtel construit sur un ancien cimetière indien. Est-ce l’influence des esprits des lieux ou bien la manifestation d’une faiblesse psychologique, il perd petit à petit la boule. Jack Nicholson interprète ce personnage mythique avec son sourire psychotique et sa force animale. Victime de visions et d’hallucinations, il se transforme en bête sauvage… Kubrick distille un malaise de plus en plus oppressant pour un résultat inoubliable.