David Lynch tient une place à part dans l’histoire du cinéma. Avec ses films opaques et torturés, il n’a jamais cédé à la facilité, requérant de la part des spectateurs une concentration de tous les instants. De quoi en faire un réalisateur ambitieux et passionnant. Pour une filmographie rare et chère. 10 films, ce n’est pas Woody Allen avec son film annuel. De quoi d’ailleurs se demander s’il réalisera jamais un nouveau film, son dernier Inland Empire date déjà de 2006 et il ne rajeunit pas. Il s’est concentré sur le retour de sa série culte Twin Peaks pour une saison 3 qui a divisé, je ne sais pas s’il ne remettra jamais le pied à l’étrier pour compléter sa filmographie…
Les films de David Lynch sont souvent présentés comme (trop) sophistiqués. Forme originale, fond obscur, traitement à la limite de l’abscons, chaque film se mérite et se contemple comme une oeuvre d’art. Les variations de forme aboutissent à des ovnis difficiles à appréhender mais passionnants à analyser. Petit retour sur ses oeuvres cultes.
1977 : Eraserhead ?/5 Je vais en surprendre plus d’un mais je n’ai jamais vu Eraserhead… Pas de raison particulière, juste jamais vraiment pensé à le voir. Ce qui me motive pour un visionnage prochain. Après, je ne sais pas si le film va au-delà d’une esthétique surprenante et iconoclaste. Il faudra que je m’en rende compte par moi même…
1980 : Elephant Man (The Elephant Man) 5/5 Tant de choses ont été dites sur ce film… les interprétations de Anthony Hopkins et surtout John Hurt frisent la perfection. L’émotion est à son comble dans cette thèse sur la différence et l’importance d’être humain. La portée du film est universelle et l’empathie pour ce personnage jugé sur son apparence et non pas sur son humanité est totale. Sorte de fable moderne sur les travers bassement humains, Elephant Man m’arrache des larmes à chaque visionnage. Je ne le regarde donc pas tous les jours…
1984 : Dune 1/5 Belle sortie de route pour ce film voulu par les studios et renié par David Lynch. Pour qui a lu et adoré l’ouvrage de Frank Herbert, ce film est une horreur. Toute la densité du livre a été mise dans le film comme un maelström incompréhensible et vulgairement premier degré. La subtilité de l’ouvrage est complètement trahie dans une histoire de révolte lambda sans hauteur ni profondeur. Le livre aurait mérité au moins une trilogie. Reste une esthétique pas inintéressante et un Sting transformé en chien fou. Le film inspira un jeu vidéo qui occupa les nombreuses nuits de possesseurs d’Amiga 500 hypnotisés. A part ça…
1986 : Blue Velvet 4/5 David Lynch revient aux affaires pour un film énigme complètement mystérieux. Je n’ai toujours pas tout compris mais c’est pas grave. Il est bon de se sentir largué parfois… Kyle MacLachlan fait son entrée dans l’univers lynchaient avec le regretté Dennis Hopper et Isabella Rosselini. Le film porte les prémices de Twin Peaks et on sent que Lynch se dirige vers une voie ésotérique et iconoclaste.
1990 : Sailor et Lula (Wild at Heart) 4/5 Le réalisateur vampirise le cinéma américain traditionnel. Un voyou, sa poulette, une veste en peau de python, une fuite en voiture, un nemesis barré, les ingrédients sont classiques mais le traitement ne l’est pas. Lynch s’approprie les mythes américains et les détourne allègrement. Résultat, une palme d’or au Festival de Cannes 1990 fait rentrer le réalisateur dans une nouvelle dimension. Pour le meilleur… ?
1992 : Twin Peaks: Fire Walk with Me 4/5 La série Twin Peaks passe à la télévision américaine de 1990 à 1991, donnant des migraines et des cauchemars à des téléspectateurs médusés. Qui a tué Laura Palmer? Qui sont tous ces personnages énigmatiques? La série se clôture sans apporter toutes les réponses et les réalisateur livre un film pour donner un peu de grains à moudre…. sans vraiment lever le voile… frustrant mais tout de même emballant.
1997 : Lost Highway 3/5 Encore un film barré pour une histoire sans queue ni tête. Un vrai film lynchie,, de ceux qui motiveront le réalisateur à ouvrir d’autres portes par la suite…
1999 : Une histoire vraie (The Straight Story) 4/5 Le voyage sur une tondeuse à gazon d’un vieil américain décidé à faire la paix avec lui même. Rythme lent, images magnifiques, David Lynch désarçonne et ravit ses fans. Il montre qu’il sait se remettre en cause et proposer d’autres voies.
2001 : Mulholland Drive 5/5 Le vrai chef d’oeuvre de David Lynch. Un film hermétique en diable, difficile à cerner et toujours nouveau à chaque visionnage. Je me souviens l’avoir vu 2 fois en 2 jours et d’avoir passé une nuit entière à méditer dessus. Avec une analyse personnelle et la satisfaction d’avoir détricoté la pelote. Un film univers, passionnant et monté comme une oeuvre d’art. Naomi Watts gagne ses galons de star et le film ne cesse d’interpeler de nouvelles générations de fans. Je pourrais parler des heures de ce film mais… chut, Silencio!
2006 : Inland Empire ?/5 J’avoue, je n’ai pas vu ce film de 3 heures, un jour peut être….
Voilà, une oeuvre grandiose et incandescente. Difficile à manier mais précise comme de l’horlogerie suisse!