Si l’accueil plus que mitigé de son précédent film The Last Face à Cannes a du sérieusement lui miner le moral, Sean Penn ne baisse pas les bras et revient avec l’histoire vraie d’un père escroc à la petite semaine et de sa fille qui tente de se construire malgré une famille un tantinet dysfonctionnelle. Longues séquences musicales et esclandres familiales remplissent le récit d’un esprit censé générer une émotion qui ne vient pas forcément, la faute à un rythme par trop décousu.
Les démons de l’Amérique
Le rêve américain n’est pas forcément accessible pour tout le monde. John Vogel a beau multiplier les idées de business, rien n’y fait, il ne parvient pas à s’enrichir, voire il reste enfoncé dans une perpétuelle mouise financière. Sa femme, son fils et sa fille constatent son impossibilité à s’élever, et ils finissent par s’enfoncer tous ensemble dans une situation irrémédiablement insoluble. Sean Penn aime à raconter ces histoires d’outsiders qui tournent volontairement ou involontairement le dos à la vie proposée par le système capitaliste. Into the wild en est l’exemple le plus marquant, Flag Day raconte le gouffre dans lequel le père John ne parvient pas à extirper, accumulant les déconvenues, la faute à la malchance selon lui, le spectateur pense plutôt qu’il n’a pas de talent ou de vraie envie de s’y mettre pour réussir. Sa fille Jennifer a beau aimer son père, elle traverse l’adolescence en rebelle et se cherche jusqu’à finalement trouver sa voie alors qu’elle parvient à s’éloigner de son père finalement plus toxique qu’elle ne le pensait. Le héros de son enfance est devenu un loser à ses yeux, un reflet grisâtre d’une Amérique à la marge, pas assez besogneuse, un peu alcoolique, franchement paresseuse et perdue dans un système sans perspectives. Le film raconte une belle histoire mais cherche un peu trop l’émotion, avec notamment des chansons country larmoyantes accompagnant des séquences au ralenti se voulant oniriques mais souvent remplies de vide. Le père et la fille se cherchent, le père fait la promesse de s’amender sans y parvenir alors que la fille trouve un emploi et sort diplômée de l’université. Elle a réussi là où son père est toujours resté en rade, preuve que le blocage paternel ne la touche pas, pas de malédiction, juste une incapacité chronique à vraiment s’y mettre.
Les belles chansons de Bob Seger et REM se font entendre mais l’absence d’ampleur empêche le film de décoller. Reste un beau moment de cinéma où Dylan Penn montre un vrai potentiel pour mener une belle carrière d’actrice.
Synopsis: John Vogel était un personnage hors norme. Enfant, sa fille Jennifer s’émerveillait de son magnétisme et de sa capacité à faire de la vie une grande aventure. Il lui a beaucoup appris sur l’amour et la joie, mais elle va découvrir sa vie secrète de braqueur de banques et faussaire. Tiré d’une histoire vraie, FLAG DAY est le portrait d’une jeune femme luttant pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille.