Pas tous les jours qu’un film palestinien n’aborde pas de front le conflit sans fin qui se joue entre la Palestine occupée et Israël. Ce sont ici deux personnages d’âge mûr qui se tournent autour, une couturière interprétée par la grande Hiam Abbas et un pêcheur hirsute interprété par l’acteur arabe israélien Salim Daw. Le ton est au feel good movie mâtiné d’humour mélancolique devant l’impasse de la situation économique où aucune activité ne permet de joindre les deux bouts. Mais le film apporte un bel espoir, à méditer.
La belle et le pêcheur
Les réalisateurs jumeaux Arab et Tarzan Nasser montrent un territoire où tout est compliqué et rien n’est simple. Territoires de pêche réduits à la portion congrue avec très peu de poissons à sortir de l’eau, magasins vides de clients, espoir de partir à l’étranger pour retrouver une vie normale. Le héros Issa est un grand célibataire, pas désœuvré mais débonnaire. Il ne se plaint pas de la situation et cherche à s’en tirer le mieux possible. Le spectateur comprend rapidement qu’il aura du mal à sacrifier son bonheur léger pour une amourette avec la couturière Hiam Abbas malgré la profondeur de ses sentiments. Et quand il pêche par mégarde une statue antique à la valeur inestimable, sa tranquillité en prend un coup. La politique sert de toile de fond au film avec une police palestinienne qui cherche à retirer de l’argent partout où elle peut et une armée israélienne qui pilonne les territoires quand le besoin s’en fait sentir. La politique n’est pas très loin avec une description cursive mais bien nette d’un Hamas belliqueux qui entretient l’esprit guerrier des habitants par des démonstrations de force. Mais comme le film utilise un ton aussi poétique que naïf, la critique passe au second plan. La statue d’Apollon devient une métaphore du destin taquin qui peut être aussi avantageux que compliqué, ce qui n’est pas simple pour le héros placide obligé de faire face à un évènement inattendu qui lui complique visiblement la vie..
Gaza mon amour ouvre une lucarne pleine de bons sentiments sur un territoire tiraillé entre problèmes d’argent et tentation de la normalité. De quoi prendre conscience que les habitants de cette région centrale du monde veulent aussi vivre leurs sentiments, malgré tout.
Synopsis: Issa, un pêcheur de soixante ans, est secrètement amoureux de Siham, une femme qui travaille comme couturière au marché. Il souhaite la demander en mariage. C’est alors qu’il découvre une statue antique du dieu Apollon dans son filet de pêche, qu’il décide de cacher chez lui. Quand les autorités locales apprennent l’existence de ce trésor embarrassant, les ennuis commencent pour Issa.