Le cinéma iranien est devenu une des plus passionnantes fabriques à film du monde dans le registre dramatique réaliste. Le Pardon s’inscrit dans cette veine où les personnages se retrouvent prisonniers de leurs mensonges jusqu’à ne plus pouvoir s’en défaire. La trame du film enchaine les péripéties et les révélations de manière admirable, le genre de drame que le cinéma français aurait bien du mal à produire, faute de vraies pistes, surtout dans le milieu bobo…

Un drame iranien qui ébranle

Une femme et sa fille ont été confrontées à l’innommable. Le père et mari a été accusé de meurtre, la sanction en Iran est immédiate, la peine de mort après un procès en bonne et due forme. Le film débute dans cette ambiance où la vie de la petite famille s’est tout simplement arrêtée. Le deuil n’a pas de fin, le chagrin reste irrémédiablement présent. Les premières images s’attardent sur le handicap de la petite, incapable de parler, sans source médicale identifiée. La maman a appris le langage des signes, l’amour est la seule issue pour continuer à vivre entre la mère et la fille. Partant de cette situation, le film s’emballe avec 2 retournements de situation assez étonnants. Le premier est judiciaire, un témoin du procès se déclare coupable du meurtre, le mari a été condamné et exécuté à tort. Le second est humain, un supposé ancien ami du mari réapparait. Le film révèle petit à petit son identité et sa place dans l’histoire, très proche du jugement, et donc de l’erreur commise. Tandis qu’il devient un ami de la mère en prodiguant une aide salvatrice, un drame de l’incommunicabilité se met en place, l’ami ne parvient pas avouer ses actes coupables passés. Difficile de ne pas expliquer plus avant sans spoiler, il faut juste savoir que, comme le dit l’adage, ce sont souvent les cordonniers les plus mal chaussés. Alors que la justice devrait être aveugle et impartiale, cette histoire montre bien qu’il y a toujours de l’humain dans toutes les décisions de justice, avec ses errements et ses remords. Et ses erreurs. Une fois de plus, un film iranien montre bien qu’il y a des hommes et des femmes au cœur d’un système politique et social si particulier, qui ont des sentiments, qui ressentent des joies et des peines. Elémentaire, mais c’est toujours positif de le faire ressortir pour échapper aux raccourcis trop souvent offerts par les médias. Au-delà des mollahs, des familles vivent et font face aux vicissitudes de la vie, tout simplement. La question de la peine de mort est abordée de front, avec le danger d’exécuter des innocents, ça fait froid dans le dos.

Le film suit une trame ultra réaliste dans un pays qui produit un cinéma toujours plus valorisé, entre le drame et le déchirement. Beaucoup de films récents ont su toucher les foules, ce n’est pas prêt de s’arrêter, comme le montre bien Le Pardon.

Synopsis: Iran, de nos jours. La vie de Mina est bouleversée lorsque son mari est condamné à mort. Elle se retrouve seule, avec leur fille à élever. Un an plus tard, elle est convoquée par les autorités qui lui apprennent qu’il était innocent. Alors que sa vie est à nouveau ébranlée, un homme mystérieux vient frapper à sa porte. Il prétend être un ami du défunt et avoir une dette envers lui.