Un film généreux.
C’est magnifique nous conte l’histoire de Pierre feuillebois, interprété par Clovis Cornillac (connu notamment pour son rôle de Marius dans Brice de Nice) devant subitement faire face à une remise en question sur qui il est suite à la disparition tragique de ses parents… Cette introspection le mènera à Lyon où il y fera la rencontre d’Anna Lorenzi (interprété par la talentueuse Alice Pol que l’on retrouve notamment dans Raid Dingue ou encore Supercondriaque) Femme en quête de rédemption aux yeux de la société, faisant tout ce qui est en son pouvoir pour récupérer la garde de sa fille.
La première chose qui saute aux yeux lorsqu’on découvre le film, c’est bien sa générosité, tant sur le plan visuel avec de nombreuses scènes élaborés pétris de différentes techniques (effacement numérique, jeux de colorimétrie, création de décor). Rajoutez à cela un scénario enivrant de bucolie et plein de tendresse pour ces personnages hors normes portés par un duo resplendissant de sincérité pour avoir dès le premier quart d’heure la promesse d’un film qui nous fera du bien !
Un peu, beaucoup, amoureusement !
C’est magnifique est le troisième film en tant que réalisateur de Clovis Cornillac. Après la surprise générale et l’enthousiasme qu’avait connu « Un peu, beaucoup, aveuglément » et la suite des aventures de « Belle et Sébastien » le cinéma de ce dernier commence à se dessiner avec élégance ! Grand adepte du monde marginal, ici il prendra le ton de la candeur d’un grand enfant devant découvrir et appréhender le monde moderne pour interroger notre propre regard en tant que spectateur sur cette société qui ne veut pas de lui…
En grand passionné qu’il est, il travaillera les moindres détails du film avec autant d’amour pour une scène que l’entièreté du projet. A la musique, il aura su s’entourer d’un excellent compositeur du nom de Guillaume Roussel, Ayant été formé par Hans Zimmer lui-même. Le résultat est envoûtant, à l’image du film… candide… Cherchant toujours plus à questionner sans apporter une quelconque forme jugement si ce n’est celui de l’innocence et de l’absurdité du monde adulte.
Ce qui m’a véritablement touché dans ce film est tout son travail visuel avec cette déperdition de couleur du personnage principal, véritable hommage au monde du cinéma par le biais de la photographie en faisant passer son personnage d’un jaune sépia pâle au noir et blanc pour finir entièrement translucide, rappelant de manière détournée l’évolution de la photographie. Sans oublier cette grotte fleurie en milieu de film, pure merveille d’éclairage et de composition florale ainsi que quelques ajouts numériques pour cette simple scène que l’on retrouve sur l’affiche du film, il aura fallu pas moins de 2 mois aux décorateurs ainsi qu’à Clovis Cornillac pour confectionner cette grotte splendide.
Une interprétation onirique
Parmi les grandes découvertes de ce film, je crois que celle de l’actrice Alice Pol est de très loin la révélation de cette année pour ma part. Son jeu est impeccable en mère de famille alcoolique, au bord du gouffre. Une complicité unique avec sa fille ainsi qu’avec Pierre se crée où elle se laissera de nouveau portée par la vie. Quant au rôle de Clovis Cornillac, son talent d’acteur n’est définitivement plus à confirmer, grand amateur des compositions de personnages considérés comme des « Freaks » pour la société en témoigne ses différents rôles sur grand écran de nombreux marginaux qui n’ont pas su s’adapter ou difficilement à la société. Ici, il n’est même plus question de s’adapter, Pierre donne la sensation de n’y être qu’un simple spectateur où se joue devant lui une pièce de boulevard complètement absurde, car il n’a aucun code de ce monde là (en témoigne certains jeux de mots bien pensés, des scènes évidentes pour son interlocuteur, mais qui ne l’est pas pour lui, etc…). Au-delà des deux rôles principaux, les rôles secondaires ne sont pas en manque avec de beaux moments d’éclats comme de douceur avec cette femme étant devenue sénile où une mission de sauvetage improvisée est mise sur pied pour essayer de lui faire retrouver la mémoire.
Le regard, le reflet de l’âme
Lorsque l’on y regarde de plus près, c’est bien dans les regards que ce film, par-delà des scènes magiques, suspendant le temps pour un instant en y dévoilant tout son potentiel arrive à capter l’essence même de ses personnages ! Si bien que le film va chercher dans les tripes de ces protagonistes leurs émotions, les laissant éblouir nos coeurs de manière directe comme un jeux de regard, un oeil bienveillant par exemple… Ce jeux de regard se fait de plus en plus rare dans son authenticité, tant l’avènement des effets spéciaux numérique nous détournes de nos émotions premières, en nous émerveillant pour un environnement, un lieu, une scène. Oubliant par la même occasion la puissance que peut nous offrir une scène dénuée de décor pour peu d’avoir d’excellents acteurs investis dans leurs émotions où tout passe par un simple regard.
En conclusion
C’est Magnifique nous rappelle l’amour que l’on peut avoir pour le cinéma et nous montre dans cette déclaration d’amour en toute simplicité pourquoi on l’aime et qu’il n’est pas forcément nécessaire d’avoir un budget faramineux ou des VFX incroyable pour simplement susciter de l’émotion comme au premier jour avec l’entrée d’un train en gare devenu connu de tous aujourd’hui.