Révélé par le succès de ses 2 premiers films horrifiants Hérédité en 2018 et Midsommar en 2019, le réalisateur américain rejoint des sentiers plus psychologiques dans son nouveau film Beau is afraid. L’histoire raconte que le réalisateur a dû quitter en 24 heures l’endroit où il habitait, ce qui lui a inspiré ce portrait d’un homme rongé par l’angoisse et ayant peur de tout. Les ambiances rappellent autant celles des films de Roman Polanski, Charlie Kaufman, David Lynch que les ouvrages de Franz Kafka, notamment le Procès. De quoi donner une idée sur le ton du film, opaque, abscons, renfermé, cauchemardesque. Un beau terrain d’analyse pour tous les psychiatres du monde, difficile à voir en salles.
3 heures en roue libre insaisissable
Lorsqu’Ari Aster écrivait son scénario, il lisait des ouvrages de Franz Kafka, Carl Gustav Jung et Jorge Luis Borges. Dès les premières images du film, un malaise persistant s’installe. Le personnage de Beau Wassermann vit dans un quartier anxiogène, son appartement est insalubre, il voit un psy et une peur permanente l’accompagne dans tous ses déplacements. Voilà pour l’ambiance Polanski, surtout que le quotidien dérape tout d’un coup, Beau se fait voler ses clés et sa valise, il ne peut plus rejoindre l’aéroport pour rejoindre sa mère et célébrer l’anniversaire du décès de son père. Le film avance dans une même ambiance quasi délirante, sans que le spectateur sache si les évènements sont le fruit de son imagination ou la réalité. Ce trouble est entretenu durant tout le film avec des flashbacks répétés vers le passé et le futur. Le personnage de la mère devient central, cause supposée freudienne et pas très subtile des dérapages de son fils. Industrielle reconnue et richissime, elle se terre dans une résidence somptueuse, à 1000 lieux du lieu de vie dépravé de son fils, peuplé de freaks, de malades et mêmes de corps jonchant les rues. Le spectateur est invité à partager les émotions de Beau, pas une expérience facile, jusqu’à rappeler le très éprouvant The House that Jack built de Lars von Trier. Décousu et conçu au départ comme un films à sketchs, Beau is afraid n’en reste pas moins hautement dépressif. Joaquin Phoenix passe son temps à geindre et à se faire balloter par le destin, jouet des évènements où toutes les apparences sont trompeuses. Pas un film horrifique de plus pour Ari Aster, certainement pas un grand succès public, plutôt une tentative artistique louable mais très obscure. Les influences sont là et chaque scène rappelle celle d’un autre réalisateur. De là à dire que l’envie de quitter la salle s’est fait sentir à plusieurs moments, impossible de ne pas le dire, d’autres ne se sont d’ailleurs pas gênés. L’humour est noir, les pérégrinations de Beau font se demander s’il ne serait pas mieux en institution psychiatrique. Les personnages de Toni Colette et Florence Pugh dans les 2 premiers films d’Aster connaissaient elles aussi des traumatismes familiaux, délivrés sous un angle horrifique. Joaquin Phoenix connait des aventures moins horrifiantes mais pas moins supportables. A noter l’apparition d’un Denis Ménochet taiseux et lui aussi anxiogène.
Les 4 parties du film sont aussi énigmatiques les unes que les autres, le malaise est constant, l’ambiance est incommode, à la limite de l’ennui. Pas un film facile à regarder dans une salle de cinéma. L’intention est là, le résultat est étrange, pour le moins.
Synopsis: Beau tente désespérément de rejoindre sa mère. Mais l’univers semble se liguer contre lui…