Critique : Malgré les années, l’impact des attentats du Bataclan sur la vie des français continue encore de hanter les esprits. Bien que cela ne soit pas le premier attentat du pays, il en reste quelque chose de douloureux par l’abondance d’images et de témoignages qui en ont découlé, comme un instant auquel l’histoire du pays ne pourra jamais échapper, fantôme de douleurs et de pertes. Mais derrière ce désastre, il y a des personnes qui ont dû reprendre leur vie après le départ, sans prévenir, de leurs proches. Antoine Leiris est l’un de ces individus et voir son destin être adapté sur grand écran se fait avec une fragilité que n’esquive pas le réalisateur Kilian Riedhof.
La prestation de Pierre Deladonchamps dans le rôle principal est à l’image du film même : sur le fil d’un lacrymal dans lequel il tombe parfois tout en cherchant à exprimer de manière vibrante le chagrin d’un homme confronté à des attentats et des événements qui le dépassent. De cette manière, la photographie de Manu Dacosse apporte une certaine couleur, une envie d’englober le besoin de reconstruction avec une certaine fièvre qui pourra diviser. Pourtant, on sent l’envie d’une expression pudique de cette histoire, de confronter notamment l’ego de l’individu alors même que ses quelques mots finissent par le dépasser autant que la mort.
Voilà donc où se trouve la fébrilité d’un long-métrage qui ne manque néanmoins pas d’intérêt. En effet, « Vous n’aurez pas ma haine » a beau rester fragile et tomber par moments, son côté émotif n’en exprime pas moins un deuil intime et national dans ce qu’il a de presque impossible à résoudre. Pourtant, c’est ce cœur qui invoque et évoque qui maintient l’intérêt, son pathos permanent n’étant pas moins qu’une expression d’une douleur dans ce qu’elle a de plus dévastateur.
Résumé : Comment surmonter une tragédie sans sombrer dans la haine et le désespoir ? L’histoire vraie d’Antoine Leiris, qui a perdu Hélène, sa femme bien-aimée, pendant les attentats du Bataclan à Paris, nous montre une voie possible : à la haine des terroristes, Antoine oppose l’amour qu’il porte à son jeune fils et à sa femme disparue.