Le réalisateur Jeff Nichols sait y faire pour installer une ambiance dans ses films. Tout sent le bitume, l’huile de moteur et la sueur crasse dans son The Bikeriders. En racontant les riches heures puis la déchéance d’un groupe de motards entre 1965 et 1973, il installe une mythologie, avec le taiseux et surpuissant chef de bande Johnny (Tom Hardy) au nom rappelant celui de Marlon Brando dans The Wild one en même temps qu’une vraie ressemblance, le chien fou Benny (Austin Butler ressuscité d’Elvis), son histoire de trahison et sa belle brochette de seconds rôles (notamment l’habituel Michael Shannon chez Jeff Nichols, Toby Wallace aperçu dans l’excellent Milla, Karl Glusman repéré dans Nocturnal Animals et Love). Le film confronte les idéaux d’une belle bande de marginaux à la dureté de la vie et du rêve américain, car la belle amitié ne survit pas au retour des soldats du Vietnam détruits par le conflit et incapables de faire leur le beau rêve de camaraderie virile. Alors le film insiste un peu beaucoup sur l’extrémisme autocentré de Benny, incapable de tout compromis quitte à risquer la blessure grave et k’amputation du pied, mais la prestation de Tom Hardy porte le film, lui si proche de Marlon Brando dans son apparence et sa gestuelle. Le film se déroule au fil d’une interview donnée par Kathy (Jodie Cormer), devenue femme de Benny, des années après la fin de l’aventure du groupe des Vandals. La rencontre, les péripéties, l’indéfectible soutien, les nombreuses tentatives de rupture, l’histoire d’amour est rêche mais sincère, donc crédible et touchante, elle ne décrédibilise pas le film, au contraire. Bref, un bon film à découvrir au cinéma pour profiter de son ambiance virile et culassée.
Synopsis: Dans un bar de la ville, Kathy, jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny, qui vient d’intégrer la bande de motards des Vandals, et tombe aussitôt sous son charme. À l’image du pays tout entier, le gang, dirigé par l’énigmatique Johnny, évolue peu à peu… Alors que les motards accueillaient tous ceux qui avaient du mal à trouver leur place dans la société, les Vandals deviennent une bande de voyous sans vergogne. Benny devra alors choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang.