Sorti en ce début Février, American Honey, prix du jury du 69° festival de Cannes, est un road-movie racontant l’arrivée de Star, jeune fille de 18 ans, jouée par l’excellente Sasha Lane dans un groupe de jeune gens sillonnant le Midwest des USA afin de vendre des magazines en porte-à-porte. Star tombera bien-sûr amoureuse du Badboy du film, nommé Jack, campé par un Shia Laboeuf saisissant de réalisme (notamment à cause de sa coupe mulet), tant le rôle lui colle à la peau. Ce film montre avant tout une jeunesse insouciante, qui ne semble pas affectée par ce qu’il se passe autour d’elle. D’un besoin de liberté, et d’innocence, comme si les jeunes du film ne voulaient pas quitter l’enfance, afin de fuir la décadence de l’Amérique victime de la crise.
Country, et voyage vers le néant
Ce film est tourné caméra à l’épaule, ce qui donne un coté quasi-documentaire (cela est aussi appuyé par le fait qu’il est basé sur un article publié en 2007 dans le New York Times), on suit les jeunes, dans leur dérive, de motel en motel, de rue en rue, cela donne une impression de répétition, qui si elle ne devait pas servir le propos du film serait lancinante. La seule chose qui est permanente dans leur vie, c’est leur playlist musicale éclectique, on y retrouve pêle-mêle Springsteen, Rihanna, Mazzy Star, ou encore The Dead Kennedys. La musique tient un rôle important dans le film, comme avant lui dans le cultissime Easy Rider, la musique sert de liant. On notera le moment où l’héroïne est prise en stop dans par un camionneur, une chanson de Springsteen en fond sonore, marquant le choc des générations. Voilà aussi quelque chose de récurrent dans le film, le choc des générations, les milléniales, contre les Baby-Boomers, ceux qui n’ont pas de rêve, contre ceux qui ont connu le rêve américain. On pourrait aussi faire un parallèle avec l’actualité politique des États-Unis.
L’histoire d’une société…
Au début, le pitch m’a laissé de marbre, mais après visionnage, je dois bien avouer que ça marche très bien. Il n’y a pas trop de longueurs, malgré les quasiment 2h45 de film. C’est un peu comme si la crise défilait à travers le compte Instagram d’une ado, avec ses doutes, ses joies et ses peines. Cette contre-culture américaine dite white-trash a rarement été traitée avec autant de bienveillance et un regard aussi touchant. On pourra cependant reprocher au film son utilisation de certains plans pas forcément utiles, ainsi qu’une utilisation pas toujours optimale des musiques. Au final, ce film nous plonge dans une Amérique trop souvent oubliée, celle loin des néons de New-York, celle des petits boulots et des trailers-parks, un monde où la vie est une fuite en avant, vers l’inconnu, et vers le rien, comme la route qu’emprunte les protagonistes du film.