Elvis et Nixon, c’est l’histoire d’une photo connue dans le monde entier, la plus demandée des archives nationales américaines, et surtout, qui cache un grand mystère : qu’est-ce que le King de la musique et le président du pays le plus puissant du monde ont-ils pu se dire le 21 décembre 1970 dans le Bureau Ovale ? Personne ne le sait, et c’est ce mystère que tente de percer avec humour le film de Liza Johnson.

 

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Une écriture efficace mais trop de préliminaires

 

Le 20 décembre 1970, Elvis Presley, alors immense star internationale et probablement artiste le plus populaire aux États-Unis, écrit dans un avion en direction de Washington, une lettre à destination du Président Nixon. Son but ? Devenir un agent fédéral infiltré pour lutter contre la drogue qui, selon lui, ravage le pays. Après d’âpres négociations, et pas mal de péripéties le King rencontre enfin le Président, pour une rencontre plutôt singulière …

L’histoire parait déjà tellement absurde qu’il semblait presque évident de faire de ce Elvis et Nixon un film comique. L’humour est d’ailleurs très bien dosé et fait mouche à chaque fois, notamment à cause du décalage constant entre la personnalité extravagante d’Elvis et la figure d’autorité rabougrie et conservatrice qu’est Nixon qui crée des situations cocasses. Mais plus encore que le simple contraste entre les personnages, ce sont les personnages eux-mêmes qui font rire. Poussés à l’extrême dans leurs caractères respectifs, ils deviennent des caricatures qui font rire le spectateur par leur démesure (Nixon ne sait pas qui est Elvis et exagère son côté rabougri, et le King joue à fond la carte du dragueur et est prêt à tout pour obtenir une insigne). Enfin, l’évolution des personnages est elle aussi intéressante, même si peu approfondie. On voit ainsi Nixon essayer de devenir « cool » et Elvis dévoiler certains de ses démons, notamment à propos de son statut de superstar.

L’écriture est donc l’une des grandes qualités de ce film, que ce soit en termes d’humour ou de personnage. On pourrait en revanche regretter une trop longue introduction avant la véritable rencontre entre Elvis et Nixon, puisqu’elle ne dure qu’un quart du film.

 

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Les personnages et les décors : véritables points forts

 

Si les personnages sont aussi convaincants, ce n’est pas uniquement grâce à leur écriture, mais aussi  à leurs interprètes. Kevin Spacey (que l’on pouvait déjà admirer en Président des Etats-Unis dans House of Cards, quel hasard) et Michael Shannon délivrent une prestation admirable, chacun dans son style : l’impassibilité pour l’un, l’extravagance pour l’autre. La performance est d’autant plus impressionnante que les deux acteurs ont reproduits de façon fidèle les mimiques et positions légendaires des deux personnages.  Bien entendu, ils sont également épaulés par plusieurs acteurs, notamment Alex Pettyfer dans le rôle de Jerry Schilling, ami proche d’Elvis qui a écrit le livre sur lequel est basé le film, ainsi que Colin Hanks et Evan Peters en conseillers de Nixon, hilarants lorsqu’ils essayent de convaincre Nixon d’inviter Elvis.

Outre les personnages, les décors et costumes sont eux aussi très réussis. La reconstitution des décors est réaliste et les costumes sont fidèles à l’époque et aux accoutrements des deux protagonistes sur la fameuse photo.

 

En jouant avec la petite histoire, ce film réécrit donc la grande Histoire et retrace avec humour l’une des rencontres les plus improbables de siècle. Si vous n’avez toujours pas vu Elvis et Nixon, je ne saurais donc que trop vous conseiller de le regarder.