Drunk est le grand film à voir du mercredi 14 octobre 2020. Le retour de Thomas Vinterberg (Festen, La chasse, La communauté) place Mads Mikkelsen au centre d’une expérience périlleuse pour juger de l’influence sociale de l’alcoolémie, du niveau le plus acceptable au plus excessif. Les acteurs s’en donnent à cœur joie pour figurer des poivrots volontaires dans une débauche d’effets très convaincants. Car les acteurs n’étaient certainement pas alcoolisés sur le plateau, mais on y croirait presque. Le film vole-t-il très haut? C’est là que le bas blesse, peut-être…
Une expérience qui tourne court?
Le personnage principal est un jeune quinquagénaire aigri par son existence devenue sans relief. Martin (Mads Mikkelsen) est prof d’histoire au lycée, mais il a perdu la fougue de sa jeunesse. Ses cours sont aussi rasants qu’il est invisible auprès de sa famille. Plus du tout mari aimant et encore moins père attentionné, il se perd dans un quotidien sans saveurs. Quand lui et quelques collègues décident de mettre en pratique la théorie d’un sociologue, ils se prêtent au jeu. Maintenir un taux d’alcoolémie à 0,5 g/l de manière constante est une aventure, avec les bouteilles d’eau remplies de vodka et les cadavres de verre disséminés dans les placards. Le film tente d’abord de faire croire aux effets bénéfiques de la théorie. Martin redevient une star auprès de ses élèves, sa famille le considère à nouveau avec attention. Sauf que l’application de la théorie est poussée peu à peu à son paroxysme avec la recherche du point de rupture. Beuveries effrénées et gueules de bois carabinées se succèdent dans des scènes répétitives et pour tout dire ennuyeuses. Il aurait fallu que les spectateurs picolent en même temps pour mieux suivre des scènes apparemment plaisantes mais un peu tirées par les cheveux. Les profs d’âge mûrs s’enfoncent dans un alcoolisme chronique aux conséquences désastreuses. La comparaison avec des jeunes élèves danois, tous blonds et au top de leur forme est le plus intéressant. Car les jeunes enchainent les jeux à boire alors qu’ils vont passer leur bac. Oui, mais eux sont jeunes, et pas du tout à la recherche d’un second souffle pour retrouver des sensations perdues. Le film se finit sur le constat qu’il y a un âge pour tout, l’excès ou la raison, la famille ou les amis. Principe connu de tous les quadragénaires, pas sûr qu’un film soit nécessaire pour se le rappeler. Mads Mikkelsen est comme toujours au top et porte le film entier sur ses épaules dans une prestation plaisante. C’est l’argument numéro 1 pour voir ce film, un des derniers à avoir été vu au cinéma pour beaucoup de cinéphiles avant la fermeture des salles. Il faut enfin rappeler que l’alcoolisme est une maladie aux conséquences potentiellement graves, boire peut avoir des effets délétères sur le corps humain, cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant.
Drunk pousse très loin le concept, les personnages s’enivrent jusqu’au risque de se perdre et de perdre avec eux leur entourage. Rien de vraiment surprenant et le film vaut surtout pour des performances d’acteur saisissantes. Mais le film restera-t-il dans les annales? Ce n’est pas certain…
Synopsis: Quatre amis décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang. Avec une rigueur scientifique, chacun relève le défi en espérant tous que leur vie n’en sera que meilleure ! Si dans un premier temps les résultats sont encourageants, la situation devient rapidement hors de contrôle.