Bac Nord part d’une histoire vraie, celle de policiers de la BAC à Marseille suspectés de trafic de drogues, accusés, emprisonnés et obligés de continuer à vivre avec le poids de la suspicion sur les épaules. Ce n’est pas un documentaire, juste un film très pêchu offrant une vision subjective d’une réalité qui dérange. Les habitants des banlieues sont présentés sous un jour peu favorable, les médias et la justice sont de collusion pour sauter sur l’occasion, les policiers sont livrés à eux-mêmes face à une réalité peu reluisante. Le film ne manque pas de nerfs et de rythme, les acteurs sont excellents, le pitch en dérange beaucoup, pù se situe la réalité, c’est la question.

Une guerre de terrain

Le film débute avec un focus très net porté sur 3 personnages policiers obligés de se coltiner les trafics de drogue dans les quartiers chauds de Marseille, là où la police est prise à partie, injuriée, les images feront rire certains, elles en choqueront d’autres. C’est une réalité XXL qui est montrée, avec des malabars garnis de plaquettes de chocolat, le visage caché sous des cagoules et avec l’envie furieuse d’en découdre. Gilles LelloucheFrançois Civil et Karim Leklou ne sont pas des surhommes, ils tchatchent, se mettent en boite et tentent de mettre la réalité du terrain à distance. Les affrontements avec les habitants des quartiers nord semblent à tout moment sur le point de dégénérer. Les voitures sont caillassées, les machines à laver pleuvent des toits, les courses poursuite haletantes s’enchainent, c’est la folie quotidienne. Jusqu’à cette prise de drogue record menée tambour battant et cette accusation portée à l’encontre des 3 héros d’un trafic de drogue frauduleux, le film bascule alors dans une critique larvée d’un système judiciaire aveugle et d’une police aux membres qui veulent surtout sauver leur peau. A tout moment de la projection, il ne faut pas oublier que ce n’est pas un documentaire, mais un film. La réalité de quartiers laissés à l’abandon aux membres s’affrontant pour le contrôle d’un trafic de drogue lucratif doit être quelque peu différente des faits, mais à quel point? Le réalisateur Cédric Jimenez en fait-il trop? Est-ce un reflet réaliste ou exagéré? Le résultat cinématographique est prenant, voire exaltant, les shoots d’adrénaline quotidiens demandent une certaine résistance pour ne pas succomber à l’envie de bavure. Les moyens mis en place par les autorités sont limités, les équipes sont restreintes, la question pointe de la volonté délibérée des autorités de laisser pourrir la situation. Ce sont malgré tout les policiers qui trinquent, eux qui doivent interpeller des usagers de drogue pour récolter leur doses et payer un indicateur à l’identité tenue secrète pendant longtemps afin de réaliser leur flag dans des conditions périlleuses. Volonté et bouts de ficelle semblent les seuls moyens efficaces pour tenir la situation à bout de bras, c’est peu et la question se pose, et si la réalité est celle montrée à l’écran, cela ne représente-t-il pas un danger pour toute la société?

Bac Nord est un film diablement efficace, au rythme haletant et aux questions laissées sans réponse. Reste une affaire médiatique qui a terni l’image de 3 policiers victimes de la vindicte populaire de la pert ‘une partie restreinte de la population royalement assise sur ses prérogatives, semble-t-il…

Synopsis: 2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats.