Le pitch est étonnant. Une rockstar sur le déclin originaire de Casablanca revient dans la mère patrie pour régler quelques affaires. Mais Larsen Snake est héroïnomane, il fait des mauvais choix, il tire le diable par la queue… jusqu’à sa rencontre avec Rajae, prostituée à la voix angélique qui le fascine. Les musiques sont bonnes mais le film est un tourbillon de passions contraires. Les monologues sont longs, les péripéties s’enchainent avec un flic aussi sournois que Mister Blonde dans Reservoir Dogs, certaines musiques donnent un air de western spaghetti, un véritable fourre tout difficile à suivre pendant 2 heures d’aventure, mais pourtant réjouissant.
Panique à Casablanca
Le film mélange des images d’épinal du Maroc touristique habituel et des plongées dans des ambiances surprenantes. Ainsi la salle de concert Maroc’n’Roll qui dépareille dans les ruelles remplies de minarets. Beaucoup d’alcool, de dope et d’excès chez des protagonistes qui vivent en marge de la société civile marocaine telle qu’on peut l’imaginer habituellement, presque une descente en enfer. Pourtant le héros a l’habitude de danser avec le diable au clair de lune. Ancienne star adulée, il vivote dans son statut de survivant du rock avec son costume et sa guitare en peau de serpent. Quand il arrive à Casa, rien ni personne ne l’attend, véritable naufragé moderne, il est pourtant reconnu par tous. Enfant du pays, il est aimanté par sa ville multicolore, foisonnante, et dangereuse. Le réalisateur prend son temps pour tisser une ambiance le plus souvent nocturne, baignée de lumières synonymes d’espoir comme de danger. Le film aurait pu reste à ce niveau d’exotisme sans l’apport de la belle Rajae, impétueuse, indocile et flamboyante. Interprétée par la rockeuse Khansa Batma, le personnage donne à ce thriller urbain des airs de Roméo et Juliette déglingué. Le premier film d’Ismaël El Iraki multiplie les références cinématographiques dans un déroulé qui aurait gagner à être sensiblement raccourci pour maintenir le rythme. Une hacienda dans le désert marocain rappelle des scènes de Sergio Leone, les musiques orientales font voyager, le dépaysement est assuré. Difficile de résumer tous les retournements de situation au milieu de personnages patibulaires pas forcément tous remplis des meilleures intentions. Le ton du film est constamment changeant, entre introspections ahuries, humour du bled et scènes de violence tranchantes comme une lame de rasoir. Un véritable fourre-tout qui pourrait user les patiences et pourtant le film convainc par sa folle énergie débridée. Ce Zanka Contact ne ressemble à rien de connu, peut-être aux premiers opus de Tarantino, et encore. Bref, une vraie expérience de cinéma à découvrir.
Burning Casablanca n’est pas qu’un film musical même si la musique metal est bel et bien présente. Les héros sont épris, résolus mais fatigués. Une envie de revenir dans le droit chemin d’une existence lambda irait-t-elle jusqu’à les tenter?
Synopsis: Rock star déchue, Larsen Snake revient dans sa Casablanca natale où il fait la rencontre explosive de Rajae, une fille de la rue à la voix d’or. Ils écument les nuits de la ville et tombent éperdument amoureux. Mais leur passion est vite rattrapée par leur passé, et le couple sauvage prend la route du désert pour échapper à ses démons.