A l’heure où les grands symboles du passé sont battus en brèche par des ignorants qui s’en servent comme exutoire à leur rage, le film de Gabriel Le Bornin remet les choses à leur place. Le film De Gaulle s’intéresse à l’homme au delà du symbole qu’il allait devenir, soumis à des choix qui feront sa légende. Soucieux de l’avenir de la France alors que la menace nazie font sur Paris, il choisit l’intransigeance à la compromission, encourant tous les risques pour ne pas plier. Le film est simple, le film est beau, un scénario à l’ancienne sans esclandres technologiques, pas de quoi émouvoir les jeunes mais ceux qui ont connu les grands classiques savent. Pas besoin de moyens inutiles pour aller à l’essentiel.
Un biopic qui fait sens
Le film débute en mai 1940, l’armée française se languit d’une attaque allemande qui ne vient pas, l’ennui pointe mais certains savent que la déroute les attend. Parmi eux, un colonel de brigade veut faire entendre sa voix. Ce quasi inconnu se nomme Charles de Gaulle et il n’est alors personne ou presque. Ce contemporain du grand vainqueur de la première guerre mondiale, Philippe Pétain, prône l’offensive à tout prix, armé de chars et d’avion. Or, la doctrine officielle se tourne plutôt vers une défense passive et attentiste. Le colonel a 3 enfants, une femme aimante et des principes intangibles qui confinent à l’obsession butée. Le film montre l’homme dans toute sa complexité en soulignant ses principes de vie. Catholique fidèle, père dévoué, il aime chacun de ses enfants avec un amour incommensurable, son grand garçon qui veut en découdre contre l’envahisseur, sa fille qui doit passer son bachot et Anne, la petite dernière atteinte de trisomie 21 que l’on appelait à l’époque de ce vilain mot de mongolisme. C’est parce que l’homme a des principes qu’il ne transige pas, que ce soit dans sa vie privée ou dans la vie publique. Lambert Wilson prête ses traits grimés au futur général appelé à un destin qui va se mêler à celui de la France. Le film déroule les inimités entre ceux favorables à une paix signée avec l’envahisseur et ceux qui la refusent obstinément. Le contexte donne une toile de fond presque romantique au film, avec un souffle à l’ancienne semblable aux grandes épopées hollywoodiennes. Le sentiment suinte à chaque plan, l’homme vise à sauver la France tandis que sa famille tant aimée doit parcourir les routes hexagonales pour échapper à l’ennemi. On imagine la peur tirailler les entrailles de l’homme mais il n’en montre rien. De Gaulle est un film qui divise, car il ne fait pas de compromis. L’homme s’agenouille à l’église, il prend sa fille dans les bras, il contredit le maréchal félon, il ne transige pas, il ne triche pas, renvoyant tous les flagorneurs et hypocrites à eux-mêmes. Alors une question mérite d’être posée par honnêteté intellectuelle. Le film en fait-il trop dans le panégyrique? Peut-être, il met en lumière les difficultés devant lesquelles beaucoup se poseraient des questions, voire se coucheraient. Au final, De Gaulle est un film émouvant, preuve que le réalisateur et les acteurs ont fait du bon boulot. Le film montre mais n’en fait pas trop, il n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour toucher ceux qui connaissent même de loin la grande histoire. Ceux qui ne la connaissent pas, ou très mal, vont se ruer dessus. Mais ils ne savent pas.
De Gaulle rappelle les épreuves qu’un homme doit surmonter pour qu’il accomplisse son destin. Avec sérieux et application, le réalisateur échafaude un beau film à l’ancienne pour rappeler que l’homme De Gaulle était avant tout cohérent, un bloc intangible capable de ne pas se fourvoyer et de ne pas plier. Un bel enseignement.
Synopsis: Mai 1940. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Un homme, Charles de Gaulle, fraîchement promu général, veut infléchir le cours de l’Histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle, est son premier soutien, mais très vite les évènements les séparent.