Ari Aster n’aime pas la facilité. Eddington figure une réduction en miniature de l’Amérique actuelle telle que le réalisateur la voit. Le shérif de bonne volonté (Joaquin Phoenix) perd de sa placidité une fois confronté à l’emballement des évènements, jusqu’à devenir lui-même un loup pour l’homme. Il faut s’accrocher pendant les 2h25 de film, un certain nombre de spectateurs a jeté l’éponge assez vite, mais les surprises surviennent surtout dans la deuxième partie, la patience est de rigueur pour en saisir toute la profondeur.

Un film retors

Joaquin Phoenix avait déjà habité le précédent film du réalisateur, Beau is afraid, et le résultat était déjà assez déroutant. Les 2 acolytes sont repartis pour un tour avec un résultat pas moins surprenant, entourés de Pedro Pascal, Emma Stone et Austin Butler. L’ambiance paisible de la petits ville d’Eddington au Nouveau Mexique est perturbée par plusieurs évènements concomitants. La crise du COVID en 2020, l’installation d’un Data Center et les élections pour le maire rajoutent de la pression à la bourgade habituellement calme. Le shérif fait prise à une vie familiale tumultueuse et l’inimité avec le maire en rajoute encore une couche. Le très renfermé officier de la loi va-t-il garder sa placidité face à un environnement de plus en plus toxique? L’arrivée de manifestants aux slogans aussi divers que variés va faire déraper l’homme simple transformé en vengeur implacable, personne ne va échapper à sa vindicte. L’évolution du film cloue au siège et figure une Amérique très encline à basculer dans le chaos par les coups répétés du destin.

La fin du film accumule les scènes choc et le spectateur se demande comment l’idée d’un tel film peut germer dans l’esprit du réalisateur. C’est à la fois osé et déroutant, une vraie expérience de cinéma, chaotique mais inégale.

Synopsis: Mai 2020 à Eddington, petite ville du Nouveau Mexique, la confrontation entre le shérif et le maire met le feu aux poudres en montant les habitants les uns contre les autres.