Critique : Le cinéma a toujours pu constituer une forme d’échappatoire assez variée, à force de propositions et de talents. Ainsi, comme le rappelle la description de cette édition fournie par « Artus », L’école de Barcelone s’est créée en réaction au Nouveau Cinéma Espagnol tout en devant faire face aux interdictions de la politique Franquiste au pouvoir. Un titre comme « Fata Morgana » ressort alors avec ce besoin de création dans une tonalité Pop, à l’image de son ouverture en forme de bande dessinée. Ces premières minutes instaurent déjà une orientation créative unique qui va se refléter sur le reste du long-métrage.
Ce premier film, sous haute influence de la Nouvelle Vague, s’oriente vers une forme d’abstraction, à l’image de son univers visuel même. Il en sort une réalité de façade, une apparence qui n’est là que pour dissimuler constamment. Cette abstraction par l’épure interroge alors, questionne ce vide par ce qu’il masque par l’absence, ce qu’il ne peut matérialiser outre mesure. Cela ajoute alors une certaine épaisseur thématique dans une œuvre où le visuel appuie cette multitude d’orientations. Cette variété dans ses tons peut déconcerter mais impose néanmoins une fascination permanente pour cette expérimentation permanente, ce besoin de proposer quelque chose de constamment différent. Là, alors, dans ces visuels en perpétuelle évolution, se dresse un tournoiement réflexif des plus hypnotisants.
D’une stylisation constante où se dessinent les interrogations de la forme, « Fata Morgana » fait partie de ces titres que l’on ne peut réellement catégoriser tant il s’en dégage un travail visuel ne tombant jamais dans l’exercice à vide. C’est même le contraire qui se développe tant ce vide d’apparence ne fait qu’exister en cherchant à faire disparaître, le tout en accumulant les idées de visuels pour que s’y manifeste un autre réel, où les rapports de genre et à l’urbain dessinent un relationnel fort, riche et foisonnant, le tout sous couvert d’une imagerie fascinante à souhait.
Résumé : Dans une ville évacuée de sa population pour d’obscures raisons, quelques personnes ont décidé de rester. La mannequin Gim n’a pas voulu quitter son compagnon, Alvaro, qui vit dans une somptueuse villa avec des personnalités excentriques. On apprend alors qu’un assassin récidiviste a décidé de frapper à nouveau, et qu’il choisit ses victimes parmi les plus belles femmes de la ville. Le Professeur, un expert en criminologie, est le seul capable d’aider Gim à échapper au meurtrier.