Actuellement en salles, Goliath reprend le modèle d’Erin Brokovitch ou Dark Waters avec les tentatives longtemps infructueuses d’individus face à des géants capitalistes tout puissants et aidés par des lobbys sans vergogne. Le drame suscite l’émotion, l’avocat Gilles Lellouche fait preuve d’une bonne volonté évidente face au lobbyiste cynique Pierre Niney, Emmanuelle Bercot pousse la voix comme elle sait si bien le faire, les conséquences supposément désastreuses des pesticides sur la santé publique sont soulignées avec des cas qui font peine à voir (cancers, malformations infantiles), mais le film pointe surtout du doigt l’impossibilité pour la justice d’avancer au rythme des sociétés toutes puissantes. Et ça fait peur.

Un cas inspiré de faits réels

Le cas du Glyphosate est l’inspiration principale du film. Pesticide décrié par ses opposants pour ses effets supposés sur la santé, il n’est pourtant pas interdit malgré les promesses politiques. Le lobbyiste Pierre Niney pose la question dans le film. Que deviendrait une population mondiale en constante augmentation sans suffisamment de nourriture pour se nourrir, ce que garantit l’utilisation des produits chimiques? Bien que cynique, la question laisse songeur. Il vit dans un monde de certitudes bien rémunérées par des sociétés qui ne s’embarrassent pas de vérités dérangeantes. Et comme il sait très bien que la vérité est souvent une notion assez floue et subjective, il en tire profit. Des analyses concluent sur la toxicité des pesticides, d’autres au contraire prouvent leur innocuité. Pour lui, seules celles qui vont dans son sens méritent d’être entendues. Et comme le rythme des procédures judicaires est lent, besogneux, hasardeux, il en profite aussi. La justice est peut-être aveugle, mais elle prend surtout son temps pour rendre des verdicts que les lobbys ont tout le temps d’influencer par des méthodes aguerries de désinformation massive. Le petit avocat Gilles Lellouche et les individus lambdas comme Emmanuelle Bercot ont beau se battre, le combat est difficile, couteux et incertain. Pourtant, le cinéma américain l’a montré dans les films sus cités, parfois ça marche, des arrangements financiers confortables sont négociés. Mais les décès ne sont pas qu’une question d’argent, n’est-ce pas?

Goliath se regarde avec intérêt malgré quelques digressions inutiles sur la vie privée des personnages. Un combat final Niney/Lellouche est attendu sans jamais vraiment avoir lieu. Reste un sentiment de film utile, fort en émotion mais un peu inabouti. Il faudrait un précédent judiciaire issu de la vie réelle dans le sens des parties civiles pour clôturer le chapitre. On l’attend toujours.

Synopsis: France, professeure de sport le jour, ouvrière la nuit, milite activement contre l’usage des pesticides. Patrick, obscur et solitaire avocat parisien, est spécialiste en droit environnemental. Mathias, lobbyiste brillant et homme pressé, défend les intérêts d’un géant de l’agrochimie.