Critique : Peut-on vraiment entamer une chronique sur une banalité telle que l’importance du cinéma italien ? Sans doute quand certaines personnes ignorent encore les répercussions du néoréalisme, permettant de retracer un réel pour mieux interroger les politiques sur la vie de ses habitants. Giuseppe De Santis, réalisateur de notre film d’aujourd’hui, « Jours d’amour », a ainsi participé à ce mouvement et cela se ressent lors du visionnage de ce long-métrage. En effet, si le ton est en apparence plus léger, c’est bien la représentation du monde rural dans son aspect économique qui constitue le moteur du récit.
L’impossibilité de se marier correctement malgré l’amour et les années peut paraître futile aux yeux de certaines personnes mais il en va de la réputation personnelle et même d’un sentiment de frustration qui s’oppose ici à une réalité financière. La fausse fuite d’Angela et Pasquale (merveilleux et sublimes Marcello Mastroianni et Marina Vlady) joue alors de cette image, ce besoin de jouer des apparences pour justifier l’absence de noces et ne pas admettre une impossibilité de moyens. Cette précarité va alors mieux rappeler une innocence des émotions, proche de la naïveté certes, mais indispensable pour que le feu de l’amour ne s’éteigne pas. Cela peut paraître idiot mais c’est cette évolution d’un couple qui va devenir plus mature à deux dans l’échappatoire que va se dessiner le besoin le plus important du mariage : l’union, la façon dont deux personnes peuvent se changer l’une l’autre pour trouver leur équilibre nécessaire.
D’une forme légère qui n’ignore jamais sa gravité économique de fond, « Jours d’amour » célèbre alors le couple dans un joli film, bien aidé par le charisme indéniable de son duo principal. Cette sortie en Blu-Ray chez Carlotta permet de mieux mettre en avant, par sa restauration 2K, l’intemporalité de son enjeu romantique, le tout avec autant d’allégresse que de confrontation à un réel où s’opposent apparence de bien-être et précarité aggravante.
Résumé : Angela et Pasquale ont grandi ensemble dans une petite ville d’Italie et sont tombés amoureux. Ils aimeraient pouvoir se marier mais leurs familles respectives, de modestes paysans, n’ont pas assez d’argent pour organiser la noce. Face au désarroi de leurs enfants, ils trouvent bientôt un stratagème qui devrait leur éviter trop de dépenses inutiles : Pasquale va « enlever » Angela et rester seul avec elle pendant quelques jours. À leur retour, il ne restera plus qu’à les marier sans cérémonie officielle, donc sans frais…