Critique : Le nom de Yoji Yamada est le plus souvent lié à la série des « Tora-san » dont il est le créateur. Mais les personnes qui n’ont que peu, voire aucune connaissance sur sa carrière (comme l’auteur de ces lignes) peuvent s’appuyer sur cette récente sortie chez Carlotta afin de mieux appréhender la personnalité de l’artiste. « Les mouchoirs jaunes du bonheur » est ainsi décrit comme un énorme succès public et critique à sa sortie au Japon, et à raison quand on découvre ce road movie plutôt surprenant. Le film compte notamment au générique Ken Takakura, qui était déjà présent dans une autre sortie de l’éditeur, l’excellent film catastrophe « Super Express 109 ». Ici, sa prestation diffère tout en partageant l’humanisme diffus dans le long-métrage de Yamada.

Le ton du film va ainsi souvent osciller entre la comédie pure et le sentimentalisme poétique, une constante qui permet de développer une propre personnalité artistique plutôt intéressante. C’est un récit de solitude qui s’installe entre trois personnages totalement différents mais puisant dans leurs liens une forme de connexion plutôt solaire. Cet aspect se voit renforcé par le rapport prégnant à son environnement, installant Hokkaido comme un autre protagoniste par sa présence permanente. Le film est ainsi rempli de besoin de se (re)connecter, que ce soit à l’individu ou à l’environnement, avec une chaleur plutôt réjouissante tout du long.

Long-métrage à la croisée du titre populaire chaleureux et de l’œuvre artistique humaniste, « Les mouchoirs jaunes du bonheur » est un vrai petit plaisir à découvrir. On se laisse emporter dans ce voyage (décrit comme initiatique, à raison), notamment par la ferveur émotionnelle se dégageant de la mise en scène de Yoji Yamada. Cette sortie physique chez Carlotta devrait donc permettre au réalisateur japonais de créer d’autres liens, que ce soit entre l’audience et sa carrière, ou tout simplement entre son public et d’autres personnes en quête de connexion.

Résumé : Suite à une rupture amoureuse, l’exubérant Kinya décide de fuir la capitale pour partir en voiture à Hokkaido, au nord du Japon. À la gare d’Abashiri, il fait la connaissance de la timide Akemi qui vient elle aussi d’essuyer une déception sentimentale. Malgré leurs caractères opposés, les deux jeunes gens décident de visiter ensemble la région. Ils croisent sur leur route le mystérieux Yusaku, mais ignorent que celui-ci vient de sortir de prison. Ne sachant pas où aller, l’ancien détenu accepte de se joindre au duo. Une complicité va bientôt se nouer entre les trois passagers…