Jacques Audiard est certainement le réalisateur français le plus surprenant des 20 dernières années. Dans son nouvel opus Les Olympiades, il filme 3 histoires suivant 3 personnages dans le quartier des Olympiades sis dans le 13e arrondissement de Paris pour des histoires d’amour et de sexe remplies de sentiments, de frustrations et de révélations. Dans un noir et blanc classieux, le réalisateur embarque le spectateur dans des histoires minuscules qui touchent à l’universel. Du grand art.

De l’amour entre sentiments éphémères et espoirs déçus

Lucie Zhang, Noémie Merlant et Makita Samba partagent l’affiche d’un opus qui théorise la situation sentimentale de la jeune génération. La recherche de la jouissance à tout prix semble une impasse précaire pour tous ses petits cœurs à l’existence compliquée. Entre colocations, petits boulots et rythmes de vie intenses, les personnages semblent engoncés dans des impasses existentielles dont ils essayent de sortir bon an mal an. Et le rythme du film mêle adroitement vies intimes, personnalités publiques et coups de sang dans un malström assez réjouissant. Aucun ne parvient pendant longtemps à se stabiliser. Ni le prof titulaire du CAPES et désireux de décrocher l’agrégation, ni la parachutée de la région bordelaise qui échoue à mener des études de droit pour revenir dans le giron d’une aventures immobilière où elle trouve facilement ses marques, ni cette natif de Taïwan qui vivote entre vie moderne et carcan familial traditionnel. Les schémas traditionnels volent constamment en éclat dans des péripéties qui ramènent chacun à la case départ, entre essais de stabilité et remises en causes existentielles. Le réalisateur localise son histoire dans un quartier mal connu, plutôt tourné sur lui-même, mais avec des airs d’oasis paradisiaques sans les problèmes usuels d’incivilité de la société française moderne. Réalisme, fantaisie, le film se situe entre les 2 sans faire la part des choses. Rencontres internet, fêtes étudiantes sans retenue, quotidien lugubre et répétitif, le film mélange tous ces éléments pour un cocktail vivifiant qui interroge sur les perspectives de la jeunesse de notre pays.

La débrouille est reine, les relations sont fugaces, les principes sont bancals, dur de se poser et de construire dans une vision de long terme. Les Olympiades interroge et c’est passionnant, surtout avec la patte esthétique du réalisateur, qui se renouvelle dans la continuité. Un vrai artiste à la vision exigeante et approfondie. Ca fait toujours plaisir.

Synopsis: Paris 13e, quartier des Olympiades. Emilie rencontre Camille qui est attiré par Nora qui elle-même croise le chemin de Amber. Trois filles et un garçon. Ils sont amis, parfois amants, souvent les deux. D’après trois nouvelles graphiques de l’auteur américain Adrian Tomine : Amber Sweet, Killing and dying et Hawaiian getaway.