La réalisatrice novice Josie Rourke ne fait pas dans la facilité en s’attaquant pour son premier film à l’histoire anglaise en plein cœur d’un XVIe siècle marqué par d’intenses guerres de religion. Deux reines se disputent le trône d’Angleterre à fleurets mouchetés, la catholique Marie Stuart Reine d’Ecosse (Saoirse Ronan) et la protestante Elizabeth 1er reine d’Angleterre (méconnaissable Margot Robbie). Le film accumule les longues discussions politiques, démontrant la perfidie des belligérantes, prêtes à tout pour obtenir le trône qui doit leur revenir. Très graphique formellement, le film souffre d’un ton extrêmement bavard et de longues digressions stratégiques qui rebuteront certains. Pas beaucoup d’action, c’est dommage.
Deux reines pour un trône
L’affiche le montre très clairement, la réalisatrice a pris le parti d’inscrire son film dans une époque qui marqua le royaume d’Angleterre. Car si la reine Elizabeth 1er a régné pas moins de 45 ans, ce ne fut pas une sinécure. Margot Robbie l’interprète brillamment armée d’une bosse factice sur le nez et d’un visage irrémédiablement fermé illustrant parfaitement la maxime de la reine « Je vois et je me tais! ». Elle doit faire face au retour de France de la reine d’Ecosse Marie Stuart après la mort de son époux François II. Les factions catholiques et protestantes sont prêtes à en découdre et il apparaît très vite que les sentiments personnels ne suffiront pas à aiguiller la politique des souveraines. Même déterminée, Marie se retrouve piégée par un mariage déséquilibré et des alliés à géométrie variable. Saoirse Ronan figure cette reine que l’histoire retient comme une martyr sacrifiée sur l’autel de la raison d’état. La réalisatrice ajoute une forte pincée de féminisme vis-à-vis de ces deux reines coincées dans un monde d’hommes qui les méprisent gentiment. Comme le dit souvent Elisabeth 1er, pour régner, elle doit elle-même devenir un homme, ce que Marie Stuart n’accepte pas, précipitant ainsi son destin funeste. La réalisatrice a également eu l’idée incongrue de prêter à des personnages anglais et écossais du XVIe siècle des traits exotiques qui jurent un peu avec la belle reconstitution historique, cette modernisation de l’histoire a de quoi déboussoler ceux qui savent à quel point ce procédé est saugrenu. Les faits sont les faits, nul besoin de réécrire l’histoire avec les standards actuels jusqu’à la faire mentir. Le film est long, plus de 2 heures et les palabres occupent la majeure partie de l’intrigue. Quelques scènes d’actions richement mises en scène auraient certainement apporter un peu de paillettes à un film finalement très (trop?) sobre. Les reines parlent (la scène avec les rideaux blancs est un modèle de mise en scène!), elles se questionnent et laissent le flot de l’histoire les emporter.
Ce Marie Stuart reine d’Ecosse promettait beaucoup. Les décors et les costumes sont au diapason de l’ambition initiale mais le film peine à décoller. La réalisatrice insiste sur un féminisme qui n’a pas sa place au XVIe siècle mais les deux actrices livrent de très belles prestations qui sauvent le film du naufrage.