Dans l’imaginaire collectif, la renaissance italienne est marquée par 3 génies hors-normes, Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange. Ces artistes ont marqué l’histoire de l’humanité en laissant derrière eux des œuvres éternelles. Andrey Konchalovsky s’intéresse au destin de Michel-Ange (1475-1564) pendant une période clé de son existence. La reconstitution est ultra réaliste, on croit sentir l’odeur des chevaux et le gout acre du sang. Si le film manque d’une ampleur marquante dans la mise en scène, il convainc totalement sur les intentions de son réalisateur, entre réalisme et tragédie humaine.

Un Michel Ange divin et démon

Le réalisateur russe rivalise de réalisme pour invoquer l’esprit d’un artiste torturé et aussi exigeant avec lui qu’avec les autres. Et pour cela, il ne le place jamais en position de travail. Michel-Ange jacasse, invective, s’époumone, court, marche, mais il ne peint pas ni ne sculpte devant la caméra. Ami des familles aussi puissantes que rivales Della Rovere et Medicis, Le génie est balloté entre les intérêts de l’une et les inimités de l’autre, devant sacrifier des commandes et en privilégier d’autres. L’acteur Alberto Testone ressemble étonnement à Hugh Jackman dans ce rôle pour figurer le sculpteur, peintre, architecte, poète et urbaniste florentin de la Haute Renaissance. Conscient de son génie, méprisant avec ses assistants, versatile avec les puissants, il est en recherche de matériau brut pour échafauder ses œuvres, comme le montre longuement certaines scènes le décrivant à Carrare pour rapporter d’immenses blocs de marbre. Le personnage est décrit comme ne se lavant jamais, habillé chichement et s’habillant de frusques, alors qu’il détient des caisses remplies d’or données par ses riches protecteurs, mais il n’est pas à une ambiguïté près. Le film souffre d’inévitables longueurs du fait d’un réalisme omniprésent qui refuse tout effet numérique et toute pirouette technologique. Le film s’appesantit sur ces eaux sales lancées par les habitantes de leur fenêtre, le purin de cheval encombrant le pavé et les visages constamment sales. Les ongles sont sales, les cheveux sont filasses, Michel-Ange s’adonne à l’art, quitte à encourir des dangers mortels de la part de familles qui n’hésitent pas à occire vertement leurs détracteurs.

Michel-Ange est un pur plaisir visuel, au formalisme extrêmement travaillé et au scénario par trop lapidaire. Un vrai film pour les amoureux de l’art pas trop regardants sur le scénario.

Synopsis: Michel Ange à travers les moments d’angoisse et d’extase de son génie créatif, tandis que deux familles nobles rivales se disputent sa loyauté.