Chronique : Julie Andrews et la comédie musicale, c’est un duo qui semble particulièrement évident. Il suffit de penser au classique « Mary Poppins », sans doute l’un des meilleurs films techniquement produits par Disney, pour asseoir cette affirmation, le rôle lui valant même son Oscar. Mais si on parle plus de ce titre ou encore de la cultissime « Mélodie du bonheur », force est de constater que d’autres longs-métrages allant dans cette direction semblent avoir été mis de côté dans la mémoire collective, à l’instar de cette « Millie ». Disponible depuis le 14 mars dans la collection Elephant Films Classics, le film de George Roy Hill n’est pas dénué de charme malgré quelques aspects clairement datés.
Julie Andrews incarne ici le rôle-titre, Millie, une jeune femme qui se veut moderne en essayant notamment de trouver l’amour par le biais de son job de secrétaire. Le changement de look en début de récit peut presque être perçu comme une note d’intention, l’actrice voulant changer de facette malgré des prestations l’enfermant dans une certaine catégorie. Pour en revenir au récit, Millie devient amie avec une jeune actrice, tout en se rapprochant d’un jeune homme à l’optimisme aussi coloré que sa personnalité dénote avec les intentions sentimentales de notre héroïne.
Le film constitue en soi un exemple de comédie musicale drôle et amusée, trouvant un amusement constant dans son approche narrative. La volonté d’un burlesque total se confirme par certains gags, notamment des encarts verbalisant les expressions de Millie. Ce rapport au quatrième mur est rapidement introduit et annonce déjà cet effet de style devenu désormais bien plus ancré dans diverses narrations modernes, tout en trouvant ici une justification par la tonalité légère du film : on fait fonctionner un ascenseur en dansant à l’intérieur, on grimpe à mains nues un immeuble pour parler à la femme que l’on aime, etc.
Malheureusement, cette modernité ne se retrouve pas dans le fond, notamment par ce personnage de propriétaire asiatique qui veut perpétuer le burlesque du ton mais s’oriente surtout dans un racisme outrancier. En plus, certains autres points dans la conclusion vont vers un retour en arrière, notamment avec une réplique qui devrait faire grincer des dents par ce qu’elle exprime en opposition même au titre original du long-métrage, « Thoroughly Modern Millie », donc une « Millie tout à fait moderne ». Cette résolution, ainsi que le traitement des personnages asiatiques, rend le film clairement daté, ce qui est largement dommageable vu la qualité du film dans sa globalité.
Morceau de musical alternant l’amusement fort et le daté gênant, « Millie » profite de son format, de sa tonalité mais également de la prestation enlevée de Julie Andrews, à l’image même de la volonté du film. Les amateurs du genre pourront y jeter un coup d’œil plaisant à condition de mettre de côté tout ce qui ancre le titre dans son époque.
Résumé : La jeune Millie décide de s’installer en ville pour changer d’apparence. Désormais, elle veut paraître plus moderne. Alors que son objectif est de devenir secrétaire et d’épouser son patron, Millie se lie d’amitié avec une jeune comédienne. C’est finalement celle-ci qui vit une aventure avec le patron de Millie.