Les sœurs Brontë font partie de la légende de la littérature. Les 3 sœurs Charlotte (1816-1855), Emily (1818-1848) et Anne (1820-1849) ont été poétesses et romancières. Jane Eyre de Charlotte, La Locataire de Wildfell Hall d’Anne et surtout Les Hauts de Hurlevent d’Emily ont créé une mythologie que le film retranscrit avec brio. Les femmes souhaitent s’accomplir au cœur d’un XIXe siècle grisâtre et austère, les mirages sont nombreux et seule la volonté prime.

Un film brillant

Emma MacKey prête ses traits à l’avant-dernière des enfants Brontë, cette Emily née en 1818 et grandie avec sa famille à Haworth dans le Yorkshire. Paysages verts, pluie constante et roche apparente forment un paysage bucolique bien loin de la révolution industrielle en devenir. Le décès de la mère d’Emily en 1821 est un poids sur toutes les consciences d’une famille durement touchée également par le décès des 2 aînées de la famille Brontë, Maria et Elizabeth, emportées par la tuberculose. Le destin d’Emily est suivi de près par une caméra auprès de laquelle les regards se font fixes et appesantis. Si le père pasteur et rectiligne envisage pour ses progénitures les plus grandes destinées, le poids d’une époque pèse sur les caractères. L’idée même de bonheur n’est pas de ce temps, seuls comptent le labeur, le respect des conventions et une retenue des plus pudiques. Emily louvoie, entre stricte observance des principes paternels et tentation du respect de sa personne, mais le naturel est un compagnon aussi encombrant qu’inévitable. Elle préfère l’amour à la vie de labeur contrarié et le mot liberté est un leitmotiv récurrent du film. Liberté de penser, liberté d’agir, Emily est un précurseur du féminisme à venir, légitime dans ses ambitions d’accomplissement personnel. La réalisatrice Frances O’Connor est d’abord actrice, elle est notamment apparue dans AI et Conjuring 2. SI le film s’arrange quelque peu d’une réalité mal connue du fait que peu d’éléments de la vie d’Emily sont arrivés jusqu’à nous, la réalisatrice a puisé dans les livres, en premier lieu Wuthering Heights, pour échafauder une biographie brillante, un peu comme un conte de fée triste. Les nombreuses lettres retrouvées ont également servi pour un vrai caractère à l’écran. Maintiens, mines affectées et intonations ont été travaillés pendant 2 semaines pour aboutir à un résultat sidérant à l’écran. L’utilisation du français comme langue du grand monde apporte une touche très classe à cette biographie, mélangée à l’attitude très sauvage de l’actrice, le résultat est détonnant.

Emily est un film d’époque qui fait plus que sortir du lot des films en salles actuellement. Peu de spectateurs mais une vraie dimension à découvrir absolument au cinéma.

Synopsis: Aussi énigmatique que provocatrice, Emily Brontë demeure l’une des autrices les plus célèbres au monde. EMILY imagine le parcours initiatique de cette jeune femme rebelle et marginale, qui la mènera à écrire son chef-d’œuvre Les Hauts de Hurlevent. Une ode à l’exaltation, à la différence et à la féminité.