Prélude

Sound of Freedom, c’est un film qui fait couler beaucoup d’encre. Accusations hasardeuses, thème dérangeant, promotion controversée, que vaut ce film?

Une production tortueuse

La production de Sound of Freedom a connu un parcours particulier. Le scénario a été écrit en 2015 et la production était chapeautée par le studio 20th Century Fox. Après le tournage en 2018 avec une sortie prévue pour 2020, le rachat de la Fox et le Covid ont frappé et Disney a mis le projet au placard pendant cinq ans, jusqu’à ce qu’Angel Studios, studio de cinéma américain indépendant spécialisé dans les productions destinées au public chrétien, rachète le projet en mars 2023 et le finalise grâce à une campagne de financement participatif qui a connu un plus grand succès que celui escompté par le studio, récoltant un budget de 14,5 millions de dollars pour assurer sa promotion. Le film sort finalement le 4 juillet 2023 et a été un carton surprise au box-office américain, rapportant actuellement plus de 100 millions de dollars, soit environ le sextuple du budget, arrivant à concurrencer Indiana Jones et le Cadran de la Destinée et Mission: Impossible : Dead Reckoning Partie 1.

La promotion du film, subséquemment, a été un chemin des épreuves pour Angel Studios. D’un côté, la presse américaine mainstream (New York Times, Washington Post, etc.) a atomisé le film, le qualifiant de film complotiste ou de film qui alimente la sphère complotiste et les conservateurs américains (d’ailleurs, la presse française mainstream ne manquera non plus de le faire, en particulier les ignobles Télérama et Libération), et de l’autre côté, le film a eu un coup de pouce de personnalités controversées comme l’ex-président des États-Unis Donald Trump ou le patron de Tesla et Twitter Elon Musk, ainsi que des stars de cinéma chrétiennes telles que Mel Gibson et Mark Wahlberg (oui oui, Mark Wahlberg!), de son acteur principal, Jim Caviezel, et de l’homme que Caviezel a interprété, le protagoniste du film, Tim Ballard, agent spécial du département Homeland Security. Actuellement, Sound of Freedom, censuré en France, n’a aucune date de sortie prévue chez nous, ce qui est étonnant, sachant que même des films bien plus petits que SoF ont déjà des dates de sortie dans l’Hexagone, même très tardives, juste après la sortie américaine.

Assez parlé de la production, le sujet a été trop ressassé, maintenant, il est temps de faire ce qu’aucun média n’a fait (ni même Première) jusqu’à présent, PARLONS DU FILM!

Classique mais solide et efficace, sans être outrancier

Sound of Freedom est un film assez classique dans sa réalisation et dans sa narration. Il ne semble pas y avoir de patte artistique marquée (ne connaissant pas du tout Alejandro Monteverde, je ne peux pas en juger), la mise en scène est somme toute conventionnelle néanmoins intelligente et bien exécutée, ce n’est pas plat comme la majorité des blockbusters qui sortent depuis des années (comme les films d’action de Netflix et d’Apple TV+).

Il en est de même pour le déroulement narratif. Le film est inspiré de l’histoire vraie des opérations de Tim Ballard hors du sol américain via son organisation OUR (Operation Underground Railroad), c’est un déroulement classique et convenu, on a un début, un milieu, des hauts et des bas, et un happy end, le film est classique, en plus d’avoir un traitement réaliste, mais c’est ce qui joue en sa faveur. Nul besoin de grosses scènes d’action, de badassitude, de patriotisme pro-américain, de punchlines ou d’agent spécial baraqué. Le scénario est assez proche du sympathique cinquième volet de Rambo, Rambo : Last Blood, mais nul besoin d’un Rambo bis, et c’est là que j’en viens au protagoniste:

Tim Ballard, un véritable héros

Tim Ballard sauve des enfants en mode Rambo. S’il est proche de Rambo dans son côté stratège, en revanche il n’est pas ultra baraqué, ni ultra badass, et ce n’est pas le but, il se rapproche plus de Harry Callahan, de ce côté. Tim Ballard est un protagoniste de cinéma et de fiction qui bénéficie d’une excellente écriture. Son introduction dans le film a lieu au cours d’une opération, lorsqu’il va débusquer avec son équipe un pédophile à son domicile et le faire parler. Pas de cliché, de poncif du polar ou du film d’action, Ballard est un flic réfléchi et intelligent, il amadoue son prisonnier jusqu’à le sortir de garde à vue et manger avec lui dans un café pour le faire parler et le coincer. Mis à part ça, il a ses moments de bravoure et d’héroïsme, avec des valeurs fortes et honorables, je ne peux m’ôter de la tête sa réplique la plus puissante, la plus puissante de tout le film: « God’s children are not for sale ». Tim Ballard est brillamment interprété par Jim Caviezel, acteur au talent incontestable (sa prestation en Jésus-Christ dans La Passion du Christ de Mel Gibson en témoigne), on sent sa capacité à s’investir dans son rôle, jusqu’à en être habité. De plus, avec ses petits airs à la fois de Tom Cruise et de Harrison Ford, on ne peut enlever un petit côté badass à Caviezel campant Tim Ballard, l’acteur rend amplement justice au personnage, auc côtés des autres acteurs du film comme Mira Sorvino ou Kurt Fuller. Le film en lui-même aussi rend justice au thème:

La pédocriminalité: un thème dérangeant mais pas inaccessible

Le titre de ce paragraphe pourrait déconcerter. Je ne minimise en aucune façon le sujet de la pédocriminalité ou du trafic sexuel d’enfants, le film non plus, d’ailleurs. Les films qui traitent de sujets qui fâchent comme les crimes sur les mineurs, le trafic de drogue, les tueurs en série, etc, sont souvent adressés à un public adulte, jusque dans leur classification d’âge. Aux États-Unis, la MPAA (la Motion Picture Association of America), qui encadre très bien la législation sur la censure, a tendance à classer ces films R-Rated (Interdit aux moins de 17 ans non-accompagnés, l’équivalent d’un Interdit aux moins de 12 ans, parfois 16, en France et Interdit aux moins de 16 ans au Luxembourg et en Belgique), plusieurs films de ce genre sont classés R (L’Inspecteur Harry, Rambo: Last Blood, Zodiac, L’Arme Fatale, Les Incorruptibles), le sujet peut avoir plus d’impact sur le spectateur avec des images choquantes et explicites, mais pas toujours! Les exemples sont peu nombreux, mais des sujets dérangeants ont déjà été abordés au cinéma sans être explicites. Les meilleurs exemples sont l’excellent et magnifique mais terrifiant Lovely Bones, de Peter Jackson, avec Saoirse Ronan, Stanley Tucci et Mark Wahlberg, The Dark Knight de Chirstopher Nolan et The Batman de Matt Reeves. On va s’attarder sur Lovely Bones. Le scénario, c’est une jeune adolescente qui se fait assassiner par son voisin psychopathe et qui aide son père depuis l’au-delà à mener l’enquête. Il n’y a aucune image explicite, tout est suggéré par des indices et du hors-champ, ce qui a ici bien plus d’impact. Il en est de même pour Sound of Freedom, il n’y a aucune image choquante ou explicite des enfants asservis par leur « maître », pas de scène de viol, tout est suggéré. Les quatre films sont classés PG-13 (interdit aux moins de 13 ans non-accompagnés, soit tous publics en France et interdit aux moins de 12 ans au Luxembourg et en Belgique). Pas besoin d’être explicite ou de choquer visuellement pour faire peur ou pour déranger. Il n’est pas nécessaire de montrer pour mettre une idée dans la tête. C’est justement ce qu’on ne voit pas qui nous terrifie, et ce n’est pas Alfred Hitchcock qui me dira le contraire: « There is no terror in the bang, only in its anticipation ».

Conclusion

Un film convenu mais efficace, sur un sujet d’une importance capitale, porté par un Jim Caviezel magistral, Sound of Freedom est un thriller captivant d’intérêt public dont je réclame la diffusion en France! À tous ceux qui peuvent se le procurer, regardez-le.

Pour terminer, je réponds brièvement à l’universitaire Marie Peltier, citée par Télérama: la lutte contre la pédocriminalité n’est pas une « obsession de longue date pour les réseaux conspirationnistes », ni un « vieil imaginaire ancré dans l’antisémitisme ». C’est un fléau (normalement, ça l’est pour toute personne saine d’esprit) qui ne doit pas être pris à la légère et qui doit être combattu à tout prix! Les enfants de Dieu ne sont pas à vendre.

Synopsis

Miguel et Rocío, deux enfants honduriens, sont enlevés et vendus comme esclaves sexuels, au grand dam de leur père Roberto, qui s’est fait embobiner par une ancienne reine de beauté qui a prétexté engager les enfants comme mannequins. Tim Ballard, agent spécial du département Homeland Security du gouvernement américain spécialisé dans la lutte contre la pédocriminalité, coince deux pédophiles et sauve Miguel à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Ballard promet à Miguel de retrouver Rocío, vendue à un groupe armé colombien.