NTM, c’est toute une époque, certains l’ont connue, d’autres moins. Faut-il être né en Seine-Saint-Denis pour avoir envie de voir le film? Le film débute en 1989, j’avais 11 ans, j’étais dans le 9-3, j’entendais du NTM partout. J’en entendais des vertes et des pas mûres, le film tente de resituer le groupe dans un contexte, c’est subjectif, évidemment, mais le ton est donné. Et les 2 loustics avaient de l’énergie à revendre, des bons côtés, et d’autres moins reluisants. La musique est là, la narration aussi, le contrat est rempli. Pas d’œillères pour un retour historique captivant.

De la rage en stock

Comme dans le récent NWA revenant sur la génèse d’un illustre groupe de rap américain, le film fait la part des choses. A Kool Shen l’inspiration et le moteur de l’envie, à Joey Starr la famille dysfonctionnelle et l’histoire cabossée. L’alliance des 2 fait leur force, avec des managers rupins qui ont senti le vent tourner. Quand un manager de maison de disque leur dit que le Hip Hop ne durera qu’un an, on sent le mec qui a du nez… eux deux font le taff, ils chantent des textes qui parlent du quotidien, de la galère, de la difficulté à s’en sortir, d’une société qui les stigmatisent. Les chansons rappelleront des souvenirs à certains, des mots qui font mouche, sans retenue, et comme les acteurs jouent la ressemblance autant physique que gestuelle, la magie opère. Les têtes bougent, les micros sont tenus comme des gourdins, ça matraque. N’étant pas dans le secret des dieux, je ne peux pas dire si le film est le reflet de l’exacte réalité, mais ça me parle. L’exubérance de ces petits jeunes, en perpétuelle activité, ça vitupère, ça insulte , ça ne respecte rien, tout pour affoler le chaland et se trouver une place. NTM a marqué son époque, celle d’une génération qui cherchait sa place et que le groupe a aidé à trouver. Bons acteurs, énergie débordante, scènes chocs, le film a beau durer près de 2 heures, pas trop de longueurs et beaucoup d’empathie. Le père violent, la mère absente, la dèche perpétuelle, l’existence de Joey Starr ressemble à un long calvaire, de quoi lui donner du crédit malgré son comportement outrancier. Mais la vraie star du film est son acolyte, toujours droit dans ses bottes, à l’origine des textes et toujours porté vers l’avant. De quoi en savoir plus sur l’équilibre instable de ce duo pas comme les autres.

Ceux qui n’aiment pas forcément le rap n’auront aucun intérêt à voir ce film comme le reflet d’une époque. Pourtant il montre bien que les choses ont bougé, en 1989, ça fait du bien de le rappeler…

Synopsis: 1989. Dans les cités déshéritées du 93, une bande de copains trouve un moyen d’expression grâce au mouvement hip-hop tout juste arrivé en France. Après la danse et le graff, JoeyStarr et Kool Shen se mettent à écrire des textes de rap imprégnés par la colère qui couve dans les banlieues. Leurs rythmes enfiévrés et leurs textes révoltés ne tardent pas à galvaniser les foules et … à se heurter aux autorités. Mais peu importe, le Suprême NTM est né et avec lui le rap français fait des débuts fracassants !