Grand fan devant l’éternel du cinéma de Wes Anderson depuis Rushmore en 1998, j’ai scrupuleusement visionné chacun de ses films depuis et je ressens une certaine lassitude au fur et à mesure que la même formule se répète et que les textes des acteurs s’allongent de plus en plus. La mise en scène est au cordeau, les histoires sont gentiment inconséquentes, une belle brochette d’acteurs s’ébat devant la caméra, mais que c’est long, que c’est ennuyeux. Cette histoire fantaisiste se noie dans des micro-détails qui n’ont aucune profondeur. C’est beau mais c’est barbant…

Une masterclass Wes Anderson

La formule est connue avec des images léchées, des cadres soigneusement agencés et des acteurs dirigés de main de maitre. C’est parfaitement maitrisé mais la question de l’intérêt du film se pose. The French Dispatch a tout de l’exercice de style, ou de la énième répétition d’un canevas un peu éculé. Les acteurs passent de l’anglais au français, ils mènent des existences dans une galaxie bobo loin de toute réalité, le comique de situation rappelle les riches heures du cinéma muet, sauf que les déclamations sont d’une longueur fatigante. Ca parle, ça parle, ça parle, jusqu’à perdre le spectateur presque obligé d’émettre un petit rire gêné pour se donner une contenance. Difficile de faire plus beau casting avec Chalamet, Seydoux, Ed Norton, Tilda Swinton, Dafoe, Bille Murray et j’en oublie. Mais le film a beau ne faire qu’1h48, le temps passe doucement, lentement, comme au ralenti. La cocasserie n’est guère plus surprenante et Bill Murray par exemple était bien plus drôle dans La Vie Aquatique qui date déjà de 2005. Wes Anderson ne tient pas à se renouveler, il creuse son sillon, et pourquoi pas, mais The French Dispatch est une confiserie bien trop sucrée pour être regardée avec une totale bienveillance. Les intrigues des mini-histoires racontées sont toutes petites, un tantinet ennuyeuses, quoi faire.

In fine, mieux vaut prendre son mal en patience dans l’attente d’une scène véritablement émouvante. Mais d’émotion, il n’y en a guère, c’est froid et millimétré, presque soviétique, à la mode kitch. Pas vraiment de rires, pas d’effroi, juste un gros malaise devant ce film qui se regarde comme une (très) longue publicité pour le savoir-être à la française. Caricatural, donc…

Synopsis: The French Dispatch met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain publié dans une ville française fictive du 20e siècle.