Une merveille! Je le dis, une merveille! Le film est à la fois éprouvant, captivant et poétique.

Un sujet éprouvant

Pourquoi éprouvant? Le sujet du film est un des plus durs dans notre société: la dépendance, en particulier à l’alcool. Le personnage de Rona marche sur le fil du rasoir, et malgré ses efforts pour rester sobre, elle est constamment à un cheveu de la rechute. Le moindre fond de pinard de la veille qui traîne sur votre table va la tenter.

On n’échappe pas à des épisodes très durs, que je ne citerai pas, afin d‘éviter le spoil.

À cause de son alcoolisme, sa relation avec sa mère est en dents de scie, son petit ami la largue, elle perd son travail, elle fait une cure de désintox, etc.

C’est quand elle est dans les Orcades, sa terre natale et de cœur, qu’elle redevient elle-même.

Les Orcades, un décor plus que captivant

Pourquoi captivant? 90% du film se déroule dans les Orcades (ou îles Orkney), un archipel au large de l’Écosse. Nora Fingscheidt filme les paysages tout leur octroyant une portée presque mystique. Je ne saurais l’expliquer, mais j’étais époustouflée tout au long du film.

Certains plans m’ont hypnotisée. L’aspect contemplatif inhérent au récit avec son rythme étiré nous met à la place de Rona et nous donne l’impression d’être avec elle en convalescence, sachant que c’est un axe fort du livre original d’Amy Liptrot, et donc du film.

Les falaises sur la côte, les plaines, la mer, ça dépayse un peu (à moins d’être du Nord, un peu comme moi), mais ce sont des paysages qui ne laissent jamais indifférents. Je n’ai qu’une envie quand je vois les paysages des Orcades, c’est de tout plaquer et de me barrer là-bas.

En outre, la météo apporte son lot de mysticisme, avec un vent plus que constant qui peut virer à l’ouragan. Dans le film, le vent obsède le père de Rona, dont le trouble bipolaire empire avec les années. Le seul inconvénient, c’est que le rapport au vent n’est abordé que tardivement.

Un teint poétique

Pourquoi poétique? La mythologie des Orcades, plus proche des Nordiques, des Scandinaves, que des anglo-saxons et des Irlandais, mais pourtant parfaitement unique, est profondément ancrée au cœur du film. Rona fait souvent en voix off des apartés sur la mythologie de l’archipel écossais, dont un passage en animation somptueux.

Le final est aussi poétique qu’il est lumineux et optimiste et provoque une sensation presque viscérale. La musique monte en crescendo, Rona fait de grands mouvements sur une falaise, comme une cheffe d’orchestre, devant une mer agitée.

Saoirse Ronan

Pas besoin de vous rappeler que Saoirse Ronan est mon crush et à quel point je l’idolâtre!

Saoirse Ronan porte le film à bouts de bras. C’est en lisant le livre original d’Amy Liptrot qu’elle a eu l’idée du film, avec son mari Jack Lowden, c’est pour ça qu’ils ont eu l’idée d’acheter les droits du livre et de bosser étroitement avec Amy et avec Nora. Saoirse s’est énormément investie, et ça se voit. Avec ce que traverse Rona, on ne peut être qu’en empathie avec elle.

Quand on voit que son ex-petit ami en a marre de ses excès et n’a plus la moindre patience vis-à-vis de son retour à la sobriété, je n’ai que de la peine pour Rona. C’est frustrant que je ne sois que simple spectatrice devant un écran, je vis tellement le film que j’ai envie de rentrer dedans et de ne pas la laisser seule. J’espère sincèrement que Saoirse aura l’Oscar, parce que c’est sans conteste son rôle ultime, son rôle le plus impressionnant!

Conclusion

En fin de compte, The Outrun est un coup de poing dans la tronche. Le film m’a donné l’impression que je m’étais mis une grosse murge et que pendant tout le déroulement du film, j’étais en train de dégriser avec une gueule de bois, jusqu’à un final lumineux carrément épique. En attendant que je voie Megalopolis de Francis Ford Coppola, The Outrun est aisément mon film numéro 1 de 2024!

L’Oscar pour Saoirse Ronan!!!

Synopsis

Rona, une jeune alcoolique à l’approche de la trentaine, retourne sur sa terre natale, les Orcades, au large de l’Écosse, luttant désespérement contre son addiction maladive à l’alcool héritée de sa vie de fêtarde à Londres.

PS: Si vous avez des proches qui ont un problème d’alcoolisme, de dépendance, aidez-les.