M. Night Shyamalan, de réalisateur incontournable à gros tocard
Quand on parle de M. Night Shyamalan, les films auxquels on pense en premier lieu sont loin d’être des navets. Sxième Sens, Incassable, Signes, Split… en principe, le réalisateur d’origine indienne est loin d’être un manchot. Sixième Sens a marqué les esprits avec son twist (Même si on savait que Bruce Willis était mort depuis le début). Incassable a réimaginé intelligemment le film de super-héros avec une empreinte et une atmosphère réaliste. Signes rend un bel hommage aux récits pulp sur les extraterrestres et aux légendes urbaines sur les OVNI et repose sur un ensemble de fusils de Chekhov.
Cela dit, depuis bientôt quinze ans, Shyamalan s’enlise dans la médiocrité, enchaînant les mauvais films. Le Dernier Maître de l’Air, After Earth, Glass, Old, Knock at the Cabin… Et depuis qu’il est passé aux films à petit budget, il se cantonne aux huis clos. Malheureusement, Trap, son tout nouveau film, n’y échappe pas.
Une parodie de Hitchcock et De Palma
Un huis clos dans une grande salle de type Arena/Palais des sports à la Bercy pleine de monde avec un tueur pendant un événement. Trap évoque sans équivoque le film de Brian De Palma Snake Eyes, avec Nicolas Cage.
Cette fois-ci, pas de combat de boxe, mais un concert d’une chanteuse pop à la Taylor Swift, incarnée par une des filles de M. Night Shyamalan, Saleka Night Shyamalan. Elle a d’ailleurs écrit et interprété les chansons elle-même. Très bon point. Et c’est un tueur en série qui rôde et la police et le FBI surveillent la salle et la passent au peigne fin. L’idée est prometteuse, il y a de quoi faire un bon thriller!
Le problème, c’est qu’il ne peut pas être pris au sérieux. Shyamalan ne semble pas savoir si on doit prendre le film au sérieux ou bien au trente-sixième degré.
L’idée de raconter l’histoire, mais du point de vue du tueur, à savoir Cooper, est originale. Ce n’est ni du spoil ni un scoop, on le devine et on le voit dès le début. En même temps, avec son comportement, on devrait le griller d’entrée de jeu.
Cooper, le psychopathe le moins discret au monde (et le plus con, aussi)
Les tueurs en série, en principe, savent cacher leur jeu. Lui, pas du tout. Si M. Night Shyamalan met le spectateur dans la confidence depuis plus ou moins le début parce qu’il n’est pas teubé, ce qui est tout à son honneur, Josh Hartnett, lui, fait le teubé. Il surjoue, Cooper en fait des caisses! Comment ça se fait que personne ne trouve son attitude suspecte?! Un psychopathe qui fait le lourd, dans un monde normal, il est cramé à des kilomètres! Si j’étais Riley, je serais mal à l’aise, mais à un point! Et non seulement le personnage est bien débile, mais le scénario et les autres personnages aussi sont complètement débiles.
Une chance de cocu ou de protagoniste?
Cooper a toujours du bol! Tout joue à son avantage! C’en est surréaliste, ça va au-delà de la série Mission Impossible de Bruce Geller! On dirait que c’est Hannibal Smith qui a écrit le scénario, à force d’aimer quand un plan se déroule sans accroc! C’est une accumulation de ficelles et d’incohérences qui aident beaucoup trop notre psychopathe teubé! Allez, un petit florilège!
1-Le vendeur de T-Shirts et l’escalier
Pendant un entracte, Cooper et Riley vont au stand de merchandising pour prendre un T-Shirt taille S. Pas de bol, il ne reste plus qu’un et une autre fille le convoitait déjà bien avant qu’ils n’arrivent. Cooper le lui laisse. Jamie, le vendeur, lui promet d’aller chercher d’ici dix minutes un T-Shirt taille S rien que pour Riley dans la remise. En y revenant, Cooper sympathise rapidement avec Jamie et lui demande pourquoi il y a plein de flics qui surveillent la salle. Jamie lui révèle l’opération menée pour débusquer le Boucher et le mot de passe de l’opération. Normalement, secret professionnel oblige, tu dis rien aux civils, ET TU NE DONNES PAS LE MOT DE PASSE!!! Là, c’est le licenciement pour faute grave!
Jamie se propose pour aller à la remise chercher un carton de T-Shirts. Cooper propose de l’accompagner. Jamie dit Ok et le laisse l’accompagner. Euh… comment dire… CRÉTIN! ABRUTI!!! Non, la remise est réservée au personnel autorisé! C’est INTERDIT aux visiteurs! Tu ne laisses pas entrer un visiteur que tu connais depuis dix secondes, même s’il sympathise avec toi!
Et dans la remise, Jamie fait quoi? Il demande à Cooper de tenir son cutter! Vas-y, ouais, donne-lui l’occasion de te buter, couillon! Et comment tu as pu ne pas remarquer qu’il t’a chouré ta carte d’accès?!
Plus tard, Cooper remarque une jeune fille un peu alcoolisée qui peine à tenir debout. Il la pousse et elle tombe des escaliers jusqu’à un palier. La foule et la police arrivent pour l’aider, pendant que Cooper s’éclipse. Comment ça se fait que personne n’a remarqué?!
2-La friteuse et le toit
Pendant le concert, Cooper met la température de la friteuse d’un stand de restauration au max et plonge deux bouteilles d’huile dans le bac d’huile bouillante. Déjà, comment il a pu s’y prendre sans se faire griller par les employés? Par la force du scénario. Une employée voit que quelque chose cloche et se penche au-dessus de la friteuse avant de remarquer les bouteilles et de se prendre une grosse giclée d’huile bouillante dans la tronche. Alors non, Josiane, si tu sens qu’un truc débloque avec ta friteuse, tu l’éteins et tu fais appel à un collègue! Gourdasse!
L’incident accapare et distrait la police, les infirmiers et la foule, ce qui permet à Cooper de subtiliser un tablier et d’aller sur le toit. Pourquoi? Parce que scénario. Il tombe sur deux policiers et se fait passer pour un employé de cuisine. Très crédible, avec le pull, mais on n’est plus à ça près. Les policiers demandent le mot de passe et sa carte. Cooper fouille rapidement le tablier et trouve un portefeuille avec une carte. Quel coup de bol! Et il leur donne le mot de passe!
3-La limousine
La police et le SWAT ont encerclé la maison de Cooper. Les enfants sont exfiltrés et Lady Raven retourne à sa limousine. Son chauffeur, Jeremiah, sort de la limousine et laisse le volant à un agent du SWAT. Pas de bol, c’est Cooper qui se fait passer pour un agent du SWAT! Déjà, depuis quand le chauffeur laisse sa bagnole à un flic? Jeremiah devrait être viré. Cooper détourne donc la limousine pour emmener Lady Raven dans une planque à lui. En arrivant dans une rue pleine de monde, la chanteuse arrive à s’en sortir et se barre. La police et les fédéraux arrivent immédiatement sur place, mais Cooper n’est plus là. Il a eu le temps d’enlever la combi du SWAT et de s’éloigner incognito en pull. Comment ça se fait qu’on ne l’a pas vu et comment il a réussi à se changer alors qu’il est derrière un volant dans une voiture?!! J’AI CONNU DES CRÊPES QUI ÉTAIENT MOINS RETOURNÉES QUE CETTE SITUATION!!!
4-Le biclou
Après s’être enfin fait arrêter au bout de trois-quatre coups de taser (Normalement, il serait inconscient ou mort, et dans son cas, sachant que c’est un tueur en série en cavale, il faut ouvrir le feu!), Cooper se laisse emmener hors de la maison. Dans l’allée, il voit le vélo de Riley à terre et se penche pour le relever. Après ça et un câlin à sa fille, il se laisse embarquer dans la fourgonnette de la police, qui lève le camp.
Mais OH LÀ LÀ CÉ TRÈ LE TWIST! Cooper a subtilisé un rayon du biclou et il s’en sert pour déverrouiller ses menottes. Pourquoi la police l’a laissé toucher au vélo et pourquoi personne n’a remarqué qu’il l’a traficoté?! C’est quoi, ces flics incompétents?!
C’est quoi, ce brouillon de scénario pas relu et criblé de trous?! C’est quoi, ce film?!
Conclusion
Un point de départ prometteur mais foutu en l’air par une écriture lacunaire, typique de M. Night Shyamalan depuis une bonne dizaine d’années.
Synopsis
Cooper (Josh Hartnett), père de famille, emmène sa fille Riley (Ariel Donoghue) au concert de son artiste préférée, la star de la pop Lady Raven (Saleka Night Shyamalan). Seulement, en entrant dans la salle, il remarque que des policiers armés sont postés de-ci de-là dans la salle. En allant acheter un T-Shirt pour sa fille, il apprend par le vendeur de goodies Jamie (Jonathan Langdon) qu’un tueur en série, Le Boucher, serait au concert et que le concert est une vaste opération pour le coincer.