Critique : Il y a quelque chose qui nous fascine dans les derniers films de Mia Hansen-Løve, une approche émotionnelle qui cherche toujours la subtilité dans sa délicatesse, tout en étant pleinement dans l’émotif absolu. « Bergman Island » nous avait par exemple retourné par cette discrétion dans son regard et la réalisatrice recommence avec « Un beau matin ». Faussement solaire par sa photographie chaleureuse, ce long-métrage parvient ainsi à mettre en équilibre deux enjeux qui auraient pu faire basculer le film dans la grossièreté sentimentale. Rien de cela n’arrive cependant tant, en parlant aussi bien d’un début d’amour que d’une fin de vie, Mia Hansen-Løve émeut avec passion mais sans verser dans le lacrymal.

Cela passe par de nombreuses petites touches, quelques répliques qui frappent durement par exemple mais le font justement par leur réalité. C’est aussi par sa direction d’acteurs que le film foudroie, en particulier avec son actrice principale. Il se peut ainsi que Léa Seydoux ait trouvé avec ce film son meilleur rôle tant elle approche d’un réel sans tomber dans le surjeu ou, pire, le sous-jeu, dans un exercice d’équilibriste d’actrice qui renforce notre intérêt pour celle-ci. Ses regards meurtrissent par la vérité qui s’en dégage, miroir d’une réalité où l’on ne peut que ressentir cette douleur et ce besoin de se reconstruire émotionnellement. Justement, tout est là, vrai, sincère, sans qu’une certaine artificialité ne prenne le contrôle. Jamais le sentiment ne s’étouffe, il point avec l’envie d’être dans une représentation qui risque autant de consoler que de provoquer les larmes par ce que la narration développe.

C’est pourtant le regard même de Mia Hansen-Løve qui fait d’« Un beau matin » un très beau film. Toujours dans l’accompagnement sans jamais écraser, la réalisatrice croque une douleur ainsi qu’un besoin avec un affect aussi sensible qu’il renverse par sa discrétion. Sa luminosité permanente baigne la perte et les blessures engendrées comme un cocon qui touche profondément, rendant ce réel d’une beauté totale. À l’instar de son dernier plan, « Un beau matin » est d’une subtilité par sa véracité, par sa façon de dessiner une blessure pour mieux essayer de la panser avec une chaleur réconfortante.

Résumé : Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps…